« La tête et les jambes », c’est le surnom mouillé d’acide qui a été attribué au tandem formé par Amina Benkhadra et Nawal Moutawakil, qui figureront normalement en tête de la liste nationale (qui accueille le quota de femmes et de jeunes) du Rassemblement National des Indépendants (RNI), lors des élections législatives anticipées devant se tenir à la fin du mois. En mettant un attelage aussi expérimenté et visible en tête de sa liste nationale, Salahedinne Mezouar espère faire d’une pierre deux coups. En premier lieu, signifier que le RNI dispose de compétences féminines incontournables ayant une expérience gouvernementale significative. De ce point de vue là, Benkhadra comme Moutawakil sont incontestables. Benkhadra est reconnue comme un animal à sang-froid, une femme de tête très compétente mais au charisme de glaçon polaire. Moutawakil, quant à elle, est un peu plus charismatique, et dispose en plus d’une envergure internationale après ses années passées au sein du Comité International Olympique, ce qui lui confère un carnet d ‘adresse très étoffé. « Nawal » pourrait ainsi rempiler au ministère de la jeunesse et des sports si le RNI participait au prochain gouvernement, l’actuel titulaire du portefeuille, Moncef Belkhayate, étant littéralement carbonisé par les « affaires » récentes. Second objectif poursuivi par Mezouar en mettant en avant ce duo : leur permettre d’être élues confortablement, ni l’une ni l’autre n’ayant de base locale ou d’assise régionale sur laquelle compter pour se faire élire au suffrage direct. C’est précisément là où le bât blesse , car si Benkhadra et Moutawakil sont connues pour leur compétences, leurs légitimité « populaire » en tant que femmes politique reste entièrement à construire, et au vu du peu d’entrain qu’a manifesté Amina Benkhadra lors de la campagne, l’on est en droit de se demander si la liste nationale sera suffisante pour donner le « vernis » démocratique à leur participation prochaine au gouvernement. En embuscade, deux femmes importantes au sein du RNI, écartés de la liste nationale, attendent leur heure. Tout d’abord la jeune et énergique députée sortante Mbarka Bouaida, d’origine sahraouie, et dont le volontarisme a fait l’unanimité, notamment sur les dossiers européens dont elle s’est faite la spécialiste ces dernières années. Bouaida pourrait jouer le rôle de joker de luxe si Benkhadra ou Moutawakil venaient à faire défaut. Autre candidate potentielle à un poste « de responsabilité », la femme d’affaires Bouthaina Iraqi Husseini, ancienne présidente de l’Association des Femmes Chef d’Entreprise (AFEM), qui elle aussi ronge son frein et attendrait de jouer un rôle dans le futur dispositif. Iraqui avait été très active sur le dossier des médias au parlement, et aurait signifié à Mezouar son mécontentement suite à la disposition qui vise à écarter d’office toute femme ayant déjà fait partie de la liste nationale, l’empêchant d’ y figurer de nouveau.