Les travaux de la Conférence ministérielle pour un Agenda africain sur la migration se sont ouverts, mardi à Rabat, avec la participation d’une vingtaine de ministres et responsables gouvernementaux africains, qui se fixent pour objectif de faire de la migration un levier du co-développement, un pilier de la coopération Sud-Sud et un vecteur de solidarité.
Cet Agenda suppose un changement de paradigme et une volonté politique réelle des Etats, qui ont tout intérêt à ce que la migration se fasse dans la sécurité, la légalité, la régularité, l’ordre et le respect des droits humains, a indiqué le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Nasser Bourita, à l’ouverture de la Conférence.
Le recrutement équitable des travailleurs migrants, la reconnaissance et le développement des compétences, l’intégration économique, sociale et civique des migrants, ainsi que le partage des responsabilités en matière de gestion des frontières, de retour, de réadmission, d’intégration et de réintégration, sont quelques-uns des volets majeurs de l’Agenda africain sur la migration, a fait observer le ministre.
Dans l’esprit de la Note préliminaire présentée par le Roi Mohammed VI, lors du 29ème Sommet de l’Union Africaine, l’Agenda africain sur la migration s’articulera autour de 3 axes principaux. Il s’agit de faire de la migration en Afrique un choix et non une nécessité, de s’affranchir des idées reçues et de battre en brèche les stéréotypes associés aux migrants et de forger une vision globale, intégrée et holistique de la migration, centrée sur le nexus migration-développement et fondée sur les droits humains des migrants, a-t-il noté.
La Conférence ministérielle pour un Agenda africain sur la migration s’inscrit dans la continuité d’un processus amorcé lors du 28ème Sommet de l’UA, lorsque le Roi Mohammed VI a accepté, à la demande du président de la République de Guinée, Alpha Condé, de coordonner l’action de l’UA en matière de migration, a souligné M. Bourita, rappelant qu’en juillet dernier, et conformément à ce mandat panafricain, le souverain a posé les premiers jalons d’un Agenda africain sur la migration, en présentant une note préliminaire qui définit une « Vision pour un Agenda africain sur la Migration », lors du 29ème Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UA.
En plus, a-t-il indiqué, une Retraite Régionale sur la Migration s’est tenue au Maroc en novembre 2017, avec pour objectif d’être un forum de réflexion, inclusif, consensuel et participatif, ce qui a permis de capitaliser sur les contributions des quelque 120 participants (ministres, hauts responsables, dirigeants d’organisations internationales, chercheurs et autres acteurs de la société civile).
Dans ce sillage, M. Bourita a relevé que le Maroc gage que c’est une chance pour l’Afrique que la migration soit conçue comme un vecteur de solidarité, de co-développement et de coopération Sud-Sud, assurant que cet afro-optimisme est à la base même de la politique migratoire du Royaume.
L’Assemblée Générale de l’ONU a adopté à l’unanimité une résolution dans laquelle le Maroc a été désigné pour abriter, les 10 et 11 décembre 2018, la conférence d’adoption du Pacte Mondial pour des Migrations Sûres, Ordonnées et Régulières, a rappelé le ministre, ajoutant que cette conférence viendra compléter les travaux du Forum Mondial sur la Migration et le Développement, co-présidé par le Maroc et l’Allemagne, dont le 11ème Sommet se tiendra à Marrakech, du 5 au 7 décembre 2018.
Il s’agit là d’une triple consécration du Royaume dans le domaine de la migration et de son rôle pionnier à l’échelle nationale, continentale et internationale, a fait remarquer M. Bourita, soulignant que cette désignation représente également une reconnaissance de l’efficacité de la politique nationale d’immigration et d’asile lancée en 2013.
Humaniste et globale, cette politique a permis la mise en place de deux phases de régularisation de migrants en situation irrégulière, a-t-il poursuivi, notant que la première phase lancée en 2014 a permis la régularisation de 25.000 migrants sur 28.000 demandes, alors que plus de 25.000 demandes ont été déposées depuis le lancement de la nouvelle campagne de régularisation en 2016.
En tant que pays hôte de la conférence d’adoption du Pacte Mondial, le Maroc encourage l’adoption d’une position africaine commune, qui traduit la vision partagée de la migration en engagements réalisables reflétant les priorités du continent et s’engage à faire des rencontres multilatérales qu’il abritera, une tribune pour le Continent et à mettre son leadership en matière de migration au service de l’Afrique.
Après avoir indiqué que les politiques de maîtrise des flux se sont révélées inefficaces, puisqu’elles interviennent uniquement en aval des mouvements migratoires, M. Bourita a jugé nécessaire de remédier, en amont, aux causes profondes des déplacements massifs, d’intensifier les efforts de prévention des situations de crise, de faire face à l’absence de perspectives économiques, l’instabilité, l’exclusion, et aux conséquences néfastes du changement climatique.
M. Bourita, pour qui la gestion efficace des frontières et le respect des droits humains ne sont pas mutuellement exclusifs, s’est dit confiant sur le pouvoir de l’Afrique de changer les perceptions négatives sur la migration pour la transformer de manière positive, assurant que le projet de l’Agenda africain pour la migration cristallise cette ambition collective des pays africains.
(avec MAP)