A deux jours du match très attendu Maroc-Algérie devant se jouer à Marrakech, l’on constate une crispation des médias des deux pays, exacerbant ainsi la rivalité historique entre les deux frères ennemis du Maghreb. Si la guerre était « la poursuite de la politique par d’autres moyens » selon Clausewitz, il apparaît que le football, dans le cas d’espèce, serait bien « la prolongation de la guerre froide Maroc Algérie par d’autres moyens ».
Il faut dire que l’Algérie est plutôt coutumière du fait, puisqu’elle s’était engagée dans une bataille homérique avec l’Egypte lors des qualifications pour la coupe du monde en novembre 2009, qui avait conduit à des violences physiques à l’encontre du onze algérien au Caire, puis à une bataille par Youtube interposée entre les deux pays. Il faut dire que le Football est devenu une « cause nationale » en Algérie, agissant comme un exutoire à la suite des douloureuses années de guerre civile, permettant de catalyser un sentiment d’unité nationale derrière une cause commune : celle du ballon rond. En effet, jamais par le passé les stars du onze algérien n’auront été l’objet d’autant d’attention. Starifiés par la presse, déifiés par el pouvoir, les fennecs se sont retrouvés malgré eux les instruments d’une politique de communication volontariste de la part des autorités, qui voient en cet engouement populaire pour ce sport un moyen de canaliser une partie de la contestation sociale. L’échec au premier tour de l’Algérie lors de la coupe du monde en Afrique du sud en 2010, bien que vécu dramatiquement par les supporters, n’a semble-t-il pas entaché durablement l’amour du maillot national, et les sentiments « nationalo-footballistiques » ont vite repris le dessus lors de la première étape du « classico » Maroc-Algérie , durant lequel le onze algérien a pris le dessus grâce à un penalty en tout début de partie. La seconde manche, qui se déroulera dans un stade de Marrakech flambant neuf et chauffé à blanc, devrait être le théâtre d’une confrontation qui dépasse de loin les enjeux sportifs : c’est deux nations qui vont véritablement en découdre et pour une fois à armes égales. Ainsi, le Maroc ne pourra pas bénéficier de ses soutiens américains et français ni de ses lobbyistes, et les algériens ne pourront pas déployer leur formidable puissance financière pour acheter des relais. 22 hommes face à face et la dure loi du sport : que le meilleur gagne !
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