Benkirane obligé de composer avec un Istiqlal boulimique

En choisissant de se retrancher dans l’opposition, l’USFP n’a vraiment pas facilité la tâche au nouveau chef de gouvernement. Avant même de finir le tour de table pour la formation de la majorité gouvernementale, l’islamiste Abdelilah Benkirane se retrouve flanqué d’un Istiqlal aussi peu commode qu’incontournable.
Heureux de l’aubaine, le vieux parti de l’indépendance semble décidé à en profiter au maximum. Ses dirigeants n’hésitent pas à faire pression sur des islamistes qui font leur baptême de feu au gouvernement. La marge de manœuvre de Benkirane est en effet réduite. Outre l’Istiqlal, il ne compte jusqu’à présent que sur le précieux soutien du Mouvement Populaire (MP). L’appoint d’un quatrième parti est indispensable pour boucler une majorité confortable. Le leader islamiste reste suspendu à la décision d’un PPS encore hésitant ou à un hypothétique ralliement de l’Union Constitutionnelle. Mais dans ce dernier cas de figure, des responsables de l’encombrant Istiqlal opposeraient leur veto contre l’UC à cause de sombres alliances passées. Pourtant, les caprices de l’envahissant allié istiqlalien ne s’arrêtent pas là. Dans une situation où la course aux portefeuilles s’annonce sans merci, l’Istiqlal fait des pieds et des mains pour obtenir des postes ministériels conséquents. Il compte déjà sur 7 ou 8 ministères dans le prochain gouvernement de coalition. C’est sûrement ce qui a amené le PJD à anticiper la manœuvre, en annonçant clairement qu’il comptait bien se réserver quelques sièges stratégiques. En premier lieu celui des finances. Le PJD ne laisserait certainement pas cet important levier financier lui filer entre les mains, surtout après les mirifiques promesses de campagne faites par les islamistes. Benkirane sait bien qu’il est attendu au tournant. L’opinion a des attentes réelles sur des dossiers pressants et sur lesquels le PJD a fait des engagements. La lutte contre le gaspillage dans la haute fonction publique en fait partie et le ministère des finances est l’instrument incontournable pour y mettre fin.