La démolition des constructions anarchiques donne lieu, de plus en plus fréquemment, à des affrontements entre forces de l’ordre et citoyens mécontents de ces destructions qui interviennent parfois tardivement. Les violences survenues dernièrement dans des quartiers périphériques d’Agadir et d’El Jadida, révèlent un malaise qui découle lui-même d’un dialogue de sourds entre les deux parties.
A Aourir, quartier de la périphérie d’Agadir, des citoyens ont pris l’initiative de construire des logements en l’absence de plan d’aménagement, de conduites d’eau ou d’assainissement ou de toute autre infrastructure. Même phénomène au Douar Lemnadla, près de la capitale des Doukkala, où des centaines de constructions anarchiques ont surgi du sol comme des champignons. Lorsque les autorités locales décident d’intervenir pour démolir les constructions érigées clandestinement, elles sont le plus souvent accueillies de pied ferme par des habitants en colère. Ces derniers protestent contre ces mêmes responsables locaux qui détournent le regard un moment pour ouvrir les yeux lorsqu’il est trop tard. Si le respect scrupuleux de la loi doit absolument prévaloir en matière de lutte contre les constructions anarchiques, il est en revanche indispensable que les pouvoirs publics se montrent intraitables sur les affluents qui viennent grossir ce phénomène dangereux. A commencer par la lutte contre les réseaux d’intermédiaires qui détournent les logements sociaux au profit de combinards, le plus souvent déjà propriétaires et nullement dans le besoin. Bien souvent, c’est le laxisme de certains rouages de l’autorité locale qui a permis à ce genre de réseaux de prospérer.
Il s’agit aussi, et surtout, de redoubler l’effort et la cadence des programmes de construction de logements sociaux pour combler le déficit accumulé. Car malgré les énormes efforts de la dernière décennie qui ont permis de raser de grands bidonvilles dans différentes villes et de reloger des dizaines de milliers de citoyens, la pression reste forte sur le logement social.