Il y a moins de trois mois, personne n’aurait parié sur ce scénario pour le moins inattendu. Mustapha Bakkoury, le technocrate qui a occupé pendant de nombreuses années le fauteuil de directeur général de la très stratégique caisse de dépôt et de Gestion (CDSG), et qui préside actuellement aux destinées de la non moins stratégique agence MASEN en charge du plan solaire marocain, vient de prendre la tête du PAM suite à un vote sans équivoque. Obtenant pas moins de 352 voix sur 388-excusez du peu- l’homme a obtenu un mandat clair de la part des militants du mouvement politique d’opposition, ce qui devrait lui permettre de diriger la phase de « normalisation » de ce parti politique. Mais qu’est ce qui fait donc courir Mustapha Bakkoury ? c’est la question que ce sont posés nombre d’observateurs alors que le tout-Rabat bruissait depuis plusieurs semaines de sa probable candidature, qui était apparue à beaucoup comme une véritable surprise, notamment suite au départ de Fouad Ali Himma, fondateur emblématique du PAM, parti rejoindre le Cabinet royal en tant que conseiller. Bakkoury devrait donc ouvrir une nouvelle étape dans la vie du PAM, celle de la « normalisation » et de son inscription dans le paysage politique marocain comme un mouvement d’opposition souhaitant contribuer à la rénovation du champ politique. Connu pour sa capacité à mener de chantiers complexes, mais également capable de se comporter en véritable politique (son discours d’investiture a d’ailleurs donné le ton), Bakkoury devrait lancer en premier lieu le projet de restructuration du parti, afin que ce dernier puisse mener une opposition « de guérilla et de projet » comme l’a estimé un proche du nouveau secrétaire général. Sur le plan des idées, Bakkoury aura également la lourde tâche de donner du contenu au positionnement du PAM et d’épaissir les propositions de ce dernier.
Beaucoup comptent sur le franc-parler de ce désormais ex-technocrate de haut niveau pour dynamiser le débat politique marocain et apporter un peu de fraîcheur, notamment au niveau des travaux parlementaires. Autre chantier tout aussi important : la préparation des élections locales et régionales, qui doivent se tenir d’ici l’été, et pour lesquels le PAM ambitionne de transformer son essai de 2009, où il avait réussi à créer la surprise en prenant la pôle position. L4enjeu est d’autant plus crucial pour le mouvement que la réforme constitutionnelle a donné des pouvoirs élargis aux régions et que le projet de régionalisation avancée sera mis en place dans la foulée. Pour mener à bien ces multiples défis, Bakjkoury pourra compter sur un cercle de fidèles, et notamment sur un nouveau « fan » qui est venu au congrès du PAM en « ami », Aziz Akhannouche, ministre de l’agriculture était en effet très ostensiblement assis au premier rang du congrès du PAM.
Quant aux relations avec le PJD, il semblerait que l’on se dirige vers une opposition ferme mais policée. Gage de cette nouvelle entente : la présence inédite du ministre d’état Abdallah Baha, « Deus Ex Machina » du chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane. Le prochaines semaines s’annoncent cruciales pour Bakkoury, qui devra notamment travailler sur un nouvel organigramme de l’exécutif du parti et plancher sur le programme des futures éléctions.