Algérie: Des milliers d’étudiants manifestent contre la candidature du président Bouteflika

En Algérie, le pouvoir est très embarrassé par l’ampleur des manifestations des Algériens contre la candidature du président Bouteflika pour un 5eme mandat, alors que la sortie du premier ministre, Ahmed Ouyahya, renvoyant les protestataires au verdict des urnes, ressemble à une fuite en avant qui confirme l’embarras dans lequel se trouve le régime.

Ahmed Ouyahia tente de jouer du spectre de la décennie noire, qui a fait des dizaines de milliers de morts dans les années 90, entre le pouvoir et les groupes islamistes armés. Mais les observateurs estiment que les Algériens ne semblent plus inhibés par le traumatisme de la guerre civile. Et le péril est d’autant plus grand que le clan pro-Bouteflika est incapable de prévoir la suite des événements.

Après les imposants défilés de vendredi et dimanche, c’est au tour des avocats qui ont organisé lundi leur propre sit-in. Et mardi ce sont les étudiants qui ont manifesté par milliers à Alger et dans d’autres villes. Les slogans étaient directs « Le peuple veut la chute du régime », « Pas de cinquième mandat » et « Ni Bouteflika, ni Saïd », en référence au frère du président, décrit comme son successeur potentiel.

Le mouvement de protestation ne semble pas fini, mais le grand soir est attendu pour vendredi prochain, une journée de tous les risques que le pouvoir scrute à travers la forte mobilisation sur les réseaux sociaux. Si les autorités n’ont pas de prise sur les médias sociaux, par contre les médias publics comme les télévisions privées ont été obligés d’ignorer les manifestations.

Une censure dénoncée par Reporters Sans Frontières (RSF) qui a accusé les autorités algériennes de « museler » les médias et  dénoncé une « vague de répression contre la presse en marge des manifestations ». La question qui se pose à présent est de savoir si le régime s’entêtera à imposer le président Bouteflika ou si les manifestations le forceront à y renoncer.