Selon plusieurs sources concordantes, les partis politiques marocains devraient être briefés aujourd’hui par le conseiller Royal Mohammed Moatassim, chargé de faire la liaison entre la commission Mennouni et les protagonistes qui ont soumis leurs recommandations. A ce jour, seuls quelques éléments épars transpirent quant au contenu de propositions de la commission constitutionnelle, même si Radio Médina se fait l’écho d’une « vaste réforme », qui collerait au discours de Mohammed VI du 9 mars . La grande inconnue reste bien entendu la teneur et l’ampleur de la modification des articles qui cristallisent les revendications, dont ceux relatifs aux libertés publiques, à la presse, et bien entendu l’article 19 qui définit les attributions de la royauté. Selon les bruits de couloirs, le roi conserverait la quasi intégralité de ses attributions, et notamment son statut de garant de l’indépendance de la nation et de son intégrité territoriale . Il faut dire qu’aucun des partis politique ou des partenaires sociaux entendus par les commissions Mennouni n’avait demandé l’abrogation de l’article 19 mais plutôt une série d’aménagements techniques afin de préciser les attributions du monarque. De surcroit, plusieurs voix conservatrices s’étaient élevées contre la perte de pouvoir exécutif du roi, estimant que les intérêts supérieurs de la Nation dans les domaines religieux, de la défense ou de politique étrangère ne sauraient être mises entre les mains d’un politique, au risque de voir celui-ci dénaturer la nature profonde de l’identité marocaine. En creux, ce débat reflète l’opposition sourde entre une frange du mouvement du 20 Février, qui souhaite se diriger vers un modèle quasi laïc, et les composantes plus islamo-conservatrices de la société marocaines, pour lesquelles le référentiel religieux reste important sans toutefois être prépondérant. D’ailleurs, le pôle conservateur semble reprendre des couleurs après la faible mobilisation de manifestants par le mouvement du 20 Février ce dimanche dernier, ce qui fait dire à plusieurs observateurs que le mouvement pourrait avoir atteint son pic et amorcerait sa phase de déclin. En effet, plusieurs shiismes doctrinaux commencent à voir le jour, notamment à l’occasion du festival de musique Mawazine, où une grande partie des militants du 20 Février ont été vus en train de se défouler sur le déhanché ravageur de Shakira , ce qui a eu pour effet de provoquer l’ire de la branche « dure » du mouvement, contrôlée par les partis politiques d’extrêmes gauche que sont le PSUet Annahj Addimocrati . Selon toute vraisemblance, le référendum constitutionnel devrait être annoncé dans la foulée de la publication des recommandations de la commission consultative sur la constitution, c’est à dire dans les prochaines semaines.
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