Le duel à fleurets mouchetés entre le PJD et les partisans de la tolérance n’est pas près de se terminer. La programmation par la chaîne 2M du film documentaire « Tinghir-Jérusalem, les échos du Mellah » dimanche 8 avril, est peut être une nouvelle estocade portée par les libéraux dans ces joutes allusives.
La diffusion par 2M de ce documentaire sur la mémoire plurielle du village de Tinghir, qui insiste sur la diversité culturelle et cultuelle marocaine, sonne comme une réponse à peine voilée aux récentes sorties intempestives de certains ministres islamistes. Le documentaire du professeur d’histoire franco-marocain Kamal Hachkar est, au demeurant, une excellente œuvre sur le passé à la fois juif et musulman d’un village berbère de l’Atlas. Fouillant dans le passé pas très lointain de Tinghir, Kamal Hachkar lui-même originaire de cette bourgade, part en Israël à la recherche de personnages ou de leurs parents qui sont nés et ont grandi à Tinghir. L’exercice n’est pas anodin, puisque dans un va-et-vient incessant entre le point de départ (Tinghir) et le point de chute (Israël), Kamal Hachkar fait rencontrer des personnages qui ont vécu l’amitié avant de se séparer il y a un demi-siècle. « Enfant, j’ai grandi dans l’idée que tous les berbères étaient musulmans. C’est au travers des récits de mes grands-parents sur l’histoire de ma ville natale Tinghir que j’ai découvert que d’autres berbères étaient juifs et que la ville avait abrité une importante communauté juive ». Passionné par ce Mellah aujourd’hui abandonné, le MRE avoue être parti chercher « dans le labyrinthe de ma propre identité franco-marocaine les traces de cette altérité juive, que je vis comme une perte ».
Le documentaire qui a été projeté à Montréal, Paris et New York, n’a apparemment pas été très apprécié par les islamistes du gouvernement. Certains y ont même vu une réponse aux dérives verbales et moralisantes de membres du gouvernement. A leur tête, le ministre de la justice Mustapha Ramid dont les propos sur l’existence d’un supposé tourisme de « dépravation » à Marrakech ont choqué plus d’un marocain, et pas seulement les professionnels du tourisme dans la ville ocre. Des déclarations controversées qui sont de la même veine que celles proférées par deux autres ministres PJD, Habib Choubani et Mustapha Khalfi contre l’organisation de festivals de musique ou la publicité pour le loto à la télévision.