L’impair protocolaire qui remet le compteur à zéro entre Rabat et Alger

Tout le monde semblait croire en le réchauffement des relations entre le Maroc et l’Algérie, mais voilà qu’une bourde des services protocolaires algériens vient remettre le compteur à zéro. L’occasion c’était l’enterrement vendredi dernier, de la dépouille du défunt président algérien Ahmed Ben Bella, le lieu c’était le carré des Martyrs du cimetière Al-Alia d’Alger et l’impair protocolaire c’était la présence du chef du Front Polisario à moins de deux pas de la délégation officielle marocaine. La circonstance a été immortalisée par des photos qui en disent long sur la bévue des services protocolaires. La raison voulait que la délégation du Polisario soit au moins suffisamment éloignée de la délégation marocaine. Mais à la grande surprise de toutes les personnalités présente, Mohamed Abdelaziz, a été placé au premier plan avec à sa gauche le président tunisien, Moncef Marzouki et le président algérien Abdelaziz Bouteflika et à sa droite le chef d’état-major de l’ANP (armée algérienne), le général des corps d’armées Gaïd Salah et juste après le chef du gouvernement marocain Abdelilah Benkirane. Un diplomate en poste à Alger qui était présent à la cérémonie funéraire, nous a confié qu’il s’agit d’un acte prémédité, puisque la place occupée par le chef du Front Polisario revenait normalement de plein droit au président algérien Abdelaziz Bouteflika. Celui-ci a été sciemment tenu à l’écart et sa place a été tout simplement confisquée par le chef d’état-major de l’armée. A travers cet ordre protocolaire, commente le diplomate sous couvert de l’anonymat, l’armée algérienne a voulu faire passer un message tant aux Marocains qu’aux Tunisiens. Premièrement c’est l’armée qui commande en Algérie et deuxièmement la république sahraouie (RASD) que le pouvoir algérien reconnaît et appuie, est une réalité dans l’espace maghrébin, dont les nouveaux gouvernements en Tunisie et au Maroc devraient reconnaître au lieu de chercher à l’écarter du jeu.
Dès qu’il s’est rendu compte de la bourde protocolaire, Benkirane qui était accompagné de Taïb Fassi Fihri, conseiller du roi, de l’ancien Premier ministre, Abderrahmane El-Youssoufi, de Mohamed Bensaïd Aït Idder et Saïd Bounailate, deux anciens résistants et membres du Mouvement de libération nationale, a tout simplement quitté les lieux en guise de mécontentement.
Pourtant c’était le gouvernement islamiste qui dès sa désignation, a ouvert le bal pour le dégel des rapports restés longtemps tendus entre les deux voisins maghrébins. Mais il semble qu’en Algérie, certains hommes du pouvoir font tout pour faire avorter ces efforts de la normalisation entre les deux pays frères et voisins.