La réélection de Salaheddine Mezouar à la tête du RNI ce week-end n’est pas passée inaperçue. Le parti de la colombe qui nourrissait de grandes ambitions aux législatives du 25 novembre, avant d’être battu à plate couture par les islamistes du PJD, est peut-être en train de renaître de ses cendres.
Au passage, la reconduction de Mezouar pour un deuxième mandat à la tête du Rassemblement National des Indépendants, a relégué aux oubliettes les divergences internes apparues avant la tenue du 5ème congrès du parti. De telle sorte que, désormais, la priorité est à la reconstitution du pôle de l’opposition libérale, avec en face la majorité gouvernementale conduite par les islamistes. Dans ce sens, le fait que l’ancien grand argentier du Royaume rempile au RNI est à mettre en parallèle avec la récente élection de Mustapha Bakkouri à la tête du PAM, l’autre grand parti du courant libéral moderniste. Ainsi, la reconstitution du pôle politique libéral entre les deux partis, en prévision des élections communales qui doivent avoir lieu dans le courant de l’année, se profile avec d’autant plus d’insistance. Cela permettra de conjurer le sort et de faire oublier le flop du « G8 », qui a signé la débâcle du 25 novembre en face du PJD. Aussi, les supputations qui ont circulé sur un possible rapprochement de Mezouar avec le chef du gouvernement, l’islamiste Abdelilah Benkirane pour supplanter le PPS au cas où ce dernier quitterait le gouvernement, relèvent-elles davantage des ragots que des analyses posées.
Car le dirigeant du RNI reste irrémédiablement fidèle à la ligne politique du parti qui a fondé, en trois décennies d’existence, son identité dans les valeurs du libéralisme politique et des libertés individuelles. Salaheddine Mezouar l’a montré encore tout récemment par son positionnement tranché dans la polémique dite des « cahiers des charges » des télévisions publiques. La démarche adoptée par le gouvernement islamiste dans cette affaire a été jugée purement « scandaleuse » par le patron du RNI. Pour lui, cette décision « impose un modèle de la pensée unique avec une vision rétrograde du champ audiovisuel ». Pire, elle constitue une menace pour les « les libertés des citoyens et la diversité de la société ».