A moins de deux semaines du lancement de l’Opération Transit, la question reste entière. Et pour cause, aucune information relative à la mise en place de l’ « habituel » dispositif d’accompagnement n’a, jusque là, été communiqué par les autorités marocaines. Un silence, ou plutôt une sorte d’inaction, qui semble faire pencher la balance du côté des espagnols, résolus à saisir cette opportunité (environ 2.5 millions de MRE attendus cette année).
Selon certains observateurs, ce silence marocain s’explique par la crise que traverse, depuis un moment déjà, la compagnie maritime Comarit. Crise ayant débouché sur une saisie de la plupart des navires composant l’arsenal maritime de celle-ci, et occasionnant une suspension de l’exploitation des lignes reliant les ports européens aux ports de Tanger et de Nador. D’autant qu’aucun des plans de sauvetage annoncés par la compagnie n’ait vraiment pu voir le jour. Pour rappel, cette exploitation, qui a fait l’objet d’un appel d’offres lancé par le Ministère de l’Equipement, est sujette à des difficultés : aucun nom de soumissionnaire, si soumissionnaire il y a, n’a été officiellement rendu public, alors même que le démarrage de cette exploitation devait avoir lieu en mai. Selon les bruits qui courent, ce serait finalement la compagnie GNV qui aurait été retenue et ce, bien que ne disposant que de seulement deux bateaux. Probablement pour avoir été la seule et unique compagnie à répondre à l’appel d’offres !
Pendant ce temps, nombreux sont ceux s’inquiètent d’une éventuelle mainmise des espagnols sur le trafic, ainsi que d’une hausse des prix. Craintes que les compagnies espagnoles n’ont pas tardé à traduire dans les faits, puisque certaines d’entre elles, ont déjà commencé à revoir leurs tarifs à la hausse et ce, avant même le coup d’envoi de l’Opération Transit.
Et ce n’est pas tout, les compagnies maritimes, épaulées par les pouvoirs publics, ne lésinent pas sur les moyens pour optimiser leur offre et séduire les MRE. En matière de sécurité, l’Espagne met le paquet : 7.000 membres de la garde civile et de la police nationale, secondés par une unité militaire d’émergence composée de plus de 3500 membres. Cela, sans parler des investissements, non négligeables, visant à assurer un confort certain et un meilleur accueil des voyageurs. A croire que l’ensemble de ces éléments convergent vers une seule et même conclusion : si rien n’est fait pour empêcher ce scénario « catastrophe », c’est l’économie marocaine qui en pâtira en premier !