Toutes réflexions faites, le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, ne se prêtera pas à l’exercice du grand oral, programmé pour ce mardi 22 mai, devant la chambre des conseillers, comme il l’avait fait une semaine auparavant devant celle des représentants. Annulation de dernière minute ou simple report, Si Benkirane n’a pas souhaité s’étendre sur le sujet, laissant ainsi les groupes parlementaires livrés à un exercice de spéculation. A en croire certains parlementaires, ces derniers auraient eu vent de l’information vendredi dernier alors même que d’autres, probablement plus optimistes, étaient toujours en attente d’une annonce officielle.
Les choses semblent être un brin plus claires pour les membres de l’opposition qui estiment que Si Benkirane, en homme respectueux de la loi, a sciemment différé son passage devant la chambre haute et ce, conformément à la procédure légale. L’article 100 de la constitution stipulant que le chef du gouvernement dispose de 30 jours pour répondre aux questions de politique générale qui lui ont été transmises. Une « imprécision » qui laisse le champ libre à l’interprétation, laquelle a déjà commencer à faire cogiter certains qui ne veulent pas que le passage du chef du gouvernement devant les représentants soit une redite de son passage devant les conseillers. En d’autres termes, que les réponses apportées par celui-ci soient un cran au dessus, avec une couverture de problématiques plus larges.
Cette procédure légale qui, comme on serait tenté de le penser, tombe à pic pour Si Benkirane, a au moins le mérite de lui éviter, ne serait ce que pour un temps, de répondre à la délicate question du calendrier électoral et de la date des élections. Cette dernière est d’autant plus délicate que le gouvernement ne semble pas en mesure de lui apporter une réponse concise. En effet, nombreux sont ceux qui pensent que celui-ci n’a pas la totale maîtrise sur cette question, ou du moins c’est l’impression qu’il dégage. D’autres questions tout aussi importantes ne sont pas en reste. Il s’agit notamment de la santé et de l’habitat où, l’intervention de Si Benkirane était très attendue aujourd’hui.
Il en va de même pour la question des libertés publiques à laquelle les socialistes semblent être attachés, d’autant qu’elle intervient au moment de la réforme de la justice.