La tension est montée d’un cran depuis le début de cette semaine entre le parti de la colombe (opposition) et celui de la lampe (majorité). Une petite révélation d’un député islamique devant la Chambre des Représentants a pris l’allure d’un scandale. Intervenant lundi à l’hémicycle, Abdelaziz Aftati, un député du Parti Justice et Développement (PJD) s’est attaqué directement au président du RNI, Salaheddine Mezouar, l’accusant d’avoir perçu « sous la table », alors qu’il était ministre de l’Economie et des Finances, la somme de 400.000 DH par mois en plus de son salaire de ministre. L’information est aussitôt reprise par des quotidiens nationaux, dont le journal arabophone Akhbar El Youm a publié dans son édition de mercredi, des documents officiels censés être confidentiels, attestant que Mezouar et Noureddine Bensouda, trésorier général du Maroc, s’étaient effectivement accordés mutuellement en 2010, respectivement des primes mensuelles de 80.000 et 97.000 DH. Réagissant à chaud aux accusations d’Aftati, le bureau politique du parti de la Colombe a tenu une réunion urgente avec ses deux groupes parlementaires, pour décider le boycott des travaux au sein des deux chambres du parlement et la poursuite en justice du député Aftati pour diffamation. Entretemps, Salaheddine Mezouar a fini par reconnaitre les faits en expliquant que tous les ministres qui l’ont précédé à ce poste en faisaient de même, alors pourquoi lui va-t-il se priver alors que les textes de loi l’y autorisaient ? Les primes généreusement servies aux hauts cadres du département des finances relèvent encore du domaine des tabous. Avec l’arrivée du nouveau gouvernement, les choses ont vraisemblablement commencé à changer. Après leur nominations, le ministre des finances, Nizar Baraka et le ministre délégué chargé du budget, Driss Azami ont annoncé leur décision de renoncer à ces primes.
Certaines mauvaises langues disent que pour détourner l’attention de l’opinion publique qui se focalisait sur la hausse des prix des carburants, le PJD tente de faire diversion à travers cette affaire des primes et en relançant le débat sur d’autres dossiers chauds comme celui des carrières des sables et de la corruption dans le secteur du transport routier.
Néanmoins, le chef du PJD et ses lieutenants sont entrés en ligne pour calmer les esprits. Abdelilah Benkirane a convoqué chez lui le trublion Aftati pour lui demander s’il avait des preuves solides pour porter de telles accusations contre un ancien haut commis de l’Etat. Lahcen Daoudi, ministre de l’Enseignement supérieur, a pris contact avec le chef et les députés du RNI et a réussi les dissuader de boycotter les travaux du Parlement et de poursuivre en justice le député Aftati. Bref, une affaire qui commence mal mais qui finit bien.