Finances-primes : la réforme qui se fait désirer

A quelque chose malheur est bon. Un adage qui s’applique parfaitement à l’affaire des primes servies au ministère des finances. Car dans ce département qui n’est pas logé à la même enseigne que le reste de l’administration publique, la hiérarchie se sert dans les caisses de l’Etat de manière loin d’être transparente. Cette situation, de nombreuses voix y compris dans la majorité, appellent à la corriger et vite.

Le scandale a été d’abord provoqué par les révélations du député islamiste Abdelaziz Aftati. Le bouillant parlementaire du PJD avait accusé Salaheddine Mezouar, l’ancien argentier du Royaume et actuel chef du parti de l’opposition RNI, d’avoir bénéficié de primes, qualifiés de « dessous de table » mensuels de … 400.000 DH. L’affaire avait fait cabrer l’intéressé et suscité l’indignation des médias et d’une partie de la classe politique. Une partie seulement, car l’autre partie avait rétorqué que les primes servies au ministère des finances sont tout à fait normales et parfaitement légales. Certains médias proches des milieux libéraux ont même défendu ces pratiques. Sauf que les montants exacts des gratifications généreusement distribuées, sont entourés d’une discrétion suspecte. Le chiffre étonnant de 800 millions DH n’est pas écarté. L’argument de ces milieux est que sans ces primes de motivation, le ministère des finances risque de se vider de ses cadres. Les plus qualifiés migreraient sans état d’âme vers un secteur privé plus rémunérateur. Ce résonnement ne résiste pourtant pas à la réalité d’une répartition très opaque des primes entre les diverses catégories de fonctionnaires de ce ministère chouchouté. De surcroît, certains ministres des finances ont donné l’exemple et renoncé à ces primes controversées. L’actuel argentier Nizar Baraka l’a fait, de même que le ministre délégué au budget, Driss Azami et aussi l’ancien ministre Ittihadi, Fathallah Oualalou. Cela accrédite l’idée du caractère sinon indu, du moins déplacé de telles primes. Surtout en temps de crise où l’effort de rigueur est exigé même des plus pauvres.

Aujourd’hui, lorsque Driss Azami annonce sa détermination à réformer ce système contesté, beaucoup se disent que ce n’est pas trop tôt.