Le PJD se prépare à tenir son congrès en fin de semaine. L’événement ne passera pas inaperçu, d’autant que le parti islamiste après avoir longtemps nourri un discours revendicatif dans l’opposition, tient à présent les manettes. Mais les attentes suscitées par cette nouvelle situation commencent à être sérieusement déçues.
Car, le parti de la lampe n’a visiblement pas anticipé les dégâts collatéraux qui résultent de l’exercice du pouvoir. A part le changement notable dans le ton et le mode de la communication publique du chef du gouvernement, le cabinet islamiste est loin du compte. Les amis de Benkirane, fougueux orateurs dans l’opposition, ont été comme paralysés une fois au gouvernement. En l’espace de six mois d’exercice du pouvoir, Abdelilah Benkirane et ses amis ne peuvent pas se targuer d’avoir un bilan à défendre. Les quelques actions initiées ont pratiquement toutes tourné au flop. C’est le cas de la publication de la liste des bénéficiaires des agréments de transport, qui est restée désespérément sans suite. C’est le cas aussi du cahier des charges de l’audiovisuel, lequel a provoqué un tollé sans jamais savoir dans quel intérêt ni pour atteindre quels objectifs. Pire encore, la décision majeure d’augmenter sensiblement les prix du gazole et de l’essence a fini par ternir l’image du gouvernement islamiste. Si la hausse s’est appuyée sur des arguments économiques et budgétaires défendables, elle a en revanche provoqué la colère compréhensible de larges couches sociales. L’accroissement des prix du carburant a eu, comme on pouvait s’y attendre, un effet d’entraînement sur pratiquement tous les autres secteurs. A commencer par celui du transport public, où les taxis ont revu à la hausse leurs prix, alors que d’autres professionnels menacent d’en faire autant.
A la place des promesses électorales d’un salaire minimum à 3000 DH, d’un taux de croissance de 7%, les citoyens ont eu droit à une augmentation de 20% sur le prix de l’essence. C’est ce genre de revirements que Benkirane doit justifier le week-end prochain. Pour autant, sa reconduction à la tête du parti ne devrait pas poser de problème. Les congressistes ne voudraient certainement pas envoyer un message brouillé à l’opinion.