Une nouvelle tradition est en train de frayer son chemin dans les rangs des hauts commis de l’Etat. Présenter des excuses en public pour des propos déplacés, une bourde ou encore une diffamation inappropriée. Suite à des propos accusateurs, le délégué général de l’Administration pénitentiaire et de la réinsertion, Hafid Benhachem s’est empressé de présenter publiquement des excuses au corps de la magistrature.
Dans une récente interview à un quotidien de la place, Benhachem dénonçait sans détours « le recours excessif (des juges) à la détention préventive », précisant qu’« il y a des sanctions alternatives que les juges devraient appliquer, mais ils ne le font pas. » Il a suffit de cette petite maladresse pour que la colère des magistrats éclate au grand jour. Dans un communiqué laconique diffusé sur leur site électronique, le club des magistrats du Maroc se dit étonné par les déclarations de Benhachem et dénonce son immixtion flagrante dans les compétences du corps de la magistrature. Le club a appelé tous les magistrats à participer à un sit-in national le 6 octobre prochain devant la Cour de cassation.
Pour se rattraper et éviter d’être traîné en justice, le délégué général qui a déjà eu un antécédent similaire en 2009 avec la présidente de l’AMDH, Khadija Ryadi, et son adjoint, Abdelilah Benabdesslam, n’avait pas d’autre choix que de formuler à travers le fil de la MAP, ses regrets et ses excuses à l’ensemble du corps des magistrats.
Hafid Benhachem assure que si le Club des magistrats considère ses propos comme tels, il ne peut qu’exprimer ses regrets et formuler ses excuses à l’ensemble des magistrats auxquels il dit vouer du respect. Il précise qu’à travers ses déclarations au sujet du surpeuplement des prisons, il n’entendait point s’immiscer dans le pouvoir discrétionnaire des juges.
Selon les chiffres de l’Administration pénitentiaire, les prisons marocaines pouvaient accueillir en 2011 quelque 40.000 personnes seulement pour une population carcérale de 63.124 détenus, soit un surplus de 57%. Par ailleurs, il n’y avait qu’un employé carcéral pour huit détenus. Le responsable de l’Administration pénitentiaire a reconnu l’état précaire des lieux de détention. Et pour résoudre le problème du surpeuplement des prisons, Benhachem suggère la construction de nouvelles prisons à une cadence bien plus élevée que celle de l’admission de nouveaux détenus. C’est le minimum exigible pour l’humanisation des conditions de détention et la préservation de la dignité des prisonniers.