La rentrée scolaire n’a pas fait que des heureux cette année. Des enseignants et des parents d’élèves sont montés au créneau contre le récurrent phénomène de la surcharge des classes. Cette année, selon des sources officielles, environ sept millions ont regagné les bancs de l’école. Un nombre qui dépasse les six millions de l’année précédente.
Cependant, le slogan « une école de réussite » n’a pas encore eu des échos dans les salles de classe. La situation n’a pas changé d’un iota. « Nous avons des classes qui regroupent 42, 43, voire même 50 élèves dans notre l’école. Et cela est valable pour tous les niveaux», soutient Mohcine, un enseignant au sein d’une école primaire de la région de Dar Bouazza. Les directives du Ministère tombent à l’eau. Les responsables insistent, en vain, sur l’obligation d’épargner la première année du cycle primaire de la surcharge. Le corps enseignant fait le maximum afin pour ne pas dépasser les 40 élèves, sans y parvenir. « Il ne faut pas que le nombre d’élèves en première année dépasse les 40, mais vu la situation, nous trouvons jusqu’à 50 élèves dans certaines classes», poursuit l’enseignant. Il y a une insuffisance au niveau des capacités d’accueil des établissements scolaires et du manque général de structures adaptées. Il pointe du doigt les nouveaux lotissements issus des projets de recasement des habitants des bidonvilles de Casablanca dans la région de Rahma et de Dar Bouazza. « Il n’y a pas assez d’établissements scolaires en quantité proportionnelle à la concentration démographique dans cette zone. Les promoteurs de ces résidences n’ont pas pris en considération qu’avec un tel nombre d’habitants, il y aura un manque en termes de services publics et d’établissements scolaires pour les nouveaux habitants. « C’est la première cause de surcharge. Cela persiste même encore au sein de certains établissements scolaires de la ville blanche et se pose avec acuité à Dar Bouazza, à la carrière Ben Abid et en périphérie. Les élèves paient les pots cassés des décideurs qui n’ont pas envisagé d’accompagner les logements sociaux de nouvelles écoles. Les capacités d’accueil des établissements scolaires qui existent déjà sont insuffisantes. Et cela endigue les efforts de toute réforme. Moi je me pose toujours la question : comment voulez-vous que l’enseignant participe à cette école de réussite avec plus de 40 élèves par classe ? », se demande-t-il. Même son de cloche chez Hicham qui enseigne au sein d’une école de primaire à Hay Hassani. « Je n’arrive même pas à me déplacer entre les rangs. C’est tellement encombré que je m’abstiens de le faire», fustige-t-il. Selon ses propos, dans une classe de 48 élèves, le processus d’apprentissage est handicapé. Cela va sans compter les méthodes pédagogiques inapplicables pour certaines et qui ne font pas profiter tous les élèves par manque de temps et par épuisement. «Une situation préjudiciable aux élèves et à l‘enseignant», conclu-t-il.
Désormais, ce phénomène est courant dans nombre d’établissements scolaires à Casablanca et en périphérie, surtout dans les zones où l’on rencontre de nouvelles concentrations démographiques importantes.
Notant que les écoles privées en sont épargnées. Le clivage entre les services des établissements privés et des établissements publics est marquant : « j’aurai préféré trouver une école privée à ma fille, au moins pour ses premières années du primaire. Cependant, je n’ai pas les moyens de le faire. Il n’y a que l’école publique avec ses imperfections et ses classes surchargées», souligne une mère. Ainsi, la surcharge des classes, désormais, figure à la tête des obstacles majeurs à la réforme du système scolaire marocain.