Avortement : Benkirane face à l’épreuve du bateau

Le gouvernement d’Abdelilah Benkirane est resté jusqu’à présent muet sur l’affaire du navire de l’avortement néerlandais qui s’apprêterait à accoster au large des côtes marocaines. Pourtant, le cabinet islamiste est concerné en premier, puisque les avortements auxquels le bateau hollandais compte se livrer sont illégaux et prêtent à polémique dans un pays musulman.

L’organisation Women On Waves (dénomination qui pourrait être traduite par des femmes sur les flots) propose de pratiquer en faveur des femmes qui le désirent, des avortements médicaux dans de bonnes conditions sanitaires. Et surtout totalement légaux au vu du droit néerlandais, le bateau devant mouiller dans les eaux internationales. L’argument de l’ONG hollandaise, ce sont les quelque 700 avortements qui se pratiqueraient clandestinement chaque jour au Maroc, qui plus est dans des conditions sanitaires douteuses. Women On Waves a déjà mené au cours des dernières années des opérations similaires au large de pays où l’avortement est interdit, comme l’Espagne, le Portugal, l’Irlande. Mais c’est la première fois qu’elle tenterait l’aventure dans un pays musulman. Les promoteurs de l’initiative assurent qu’il ne s’agit pas d’une provocation ou de motivations d’ordre religieux. « C’est de la santé des femmes dont il s’agit », martèle Rebecca Gomperts, la fondatrice de l’Organisation, expliquant qu’elle répond à une invitation du Mouvement alternatif marocaine pour les libertés individuelles (Mali). L’implication de ce collectif explique probablement l’attitude réservée du gouvernement islamiste. Par le passé, les membres de ce Mouvement se sont déjà fait connaître par  des tentatives spectaculaires de rompre le jeûne en plein ramadan.

Finalement, le silence du cabinet Benkirane est-il le signe d’un mépris calculé ou d’une prudence bien dosée ? Echaudé par les précédents impairs de ses ministres, Abdelilah Benkirane préfère peut-être attendre et voir. De toute façon, rejoindre un bateau jetant l’ancre dans les eaux internationales n’est pas chose aisée. De surcroît, le chef du gouvernement ne voudrait visiblement pas tomber les yeux fermés dans le piège d’un autre coup médiatique.