Si elles s’avéraient vraies, les informations sur la rencontre discrète qui aurait eu lieu entre Abdelilah Benkirane et Salaheddine Mezouar en leurs qualités partisanes, pourraient signifier que le patron de l’Istiqlal Hamid Chabat est en voie de réussir son pari de secouer le cocotier de la majorité.
Chabat n’a certes pas encore obtenu le remaniement ministériel qu’il demande à cor et à cri à son allié islamiste du PJD. Mais le remuant maire de Fès a tout au moins réussi à semer la zizanie. Dans les rangs de la majorité aussi bien que dans l’opposition. De cette façon, l’ouverture sur Mezouar, rival malheureux du PJD aux élections du 25 novembre 2011, paraît comme une manœuvre de diversion opérée par un chef de gouvernement pressé de partout. Le projet de Budget 2013 doit passer sous les fourches caudines du Parlement et Benkirane sait très bien que ce passage ne sera pas facile. La levée de boucliers que le PLF 2013 soulève dans l’opposition, voire même parmi la majorité, renseigne sur l’âpre bataille à venir. Mais de là à aller rencontrer un Mezouar qui était considéré, il y a encore peu, comme la bête noire du parti islamiste, signifie que le pressing exercé par le chef de l’Istiqlal a été payant.
Jusqu’à présent, le chef du RNI se garde bien de montrer un quelconque empressement à envisager le ralliement à une éventuelle coalition bis. Toutefois, en politique avisé, Mezouar n’a pas exclu cette éventualité « si quelque chose de nouveau intervenait qui nécessiterait l’examen d’une offre ».