20 février : chronique d’un mouvement mort-né

Mouvement du 20 FevrierLe 20 février marquera le deuxième anniversaire du mouvement éponyme. Aujourd’hui, deux ans après la première manifestation lancée par de jeunes passionnés, il apparaît clairement que le mouvement n’a pas seulement fait long feu, mais s’est également inscrit en marge de l’agenda des réformes nationales.

Les analystes se sont longuement étayés sur les raisons de la prompte montée, et de la tout aussi rapide disparition du mouvement des jeunes. Au départ, la première manifestation organisée le 20 février 2011, dans le sillage de l’effervescence qui s’était saisie de la rue arabe, a donné lieu à un foisonnement de conjectures. Beaucoup pariaient sur une probable extension au Maroc des révoltes qui avaient embrasé la Tunisie, l’Egypte, en passant par la Libye, le Yémen, la Syrie… Mais, au fil des sorties dominicales, les rangs des manifestants devenaient de plus en plus clairsemés, jusqu’à ne compter que quelques centaines, voire des dizaines de personnes parfois. Dans ce décor, les partis se sont gardés de se laisser entraîner dans le jeu, estimant que les jeunes à l’origine des marches de contestation sont plus impulsés par des slogans que par de réels programmes de réforme. Dans ces circonstances, la position du parti islamiste Justice et Développement (PJD) a été très remarquée. Son leader, Abdelilah Benkirane s’est prononcé contre la participation du parti aux marches, privant ainsi les jeunes d’un soutien qui aurait pu être crucial. Benkirane et ses amis en récolteront les fruits aux premières élections législatives qui ont succédé à la nouvelle Constitution du 1er juillet 2011. En revanche, l’autre mouvance islamiste d’Al Adl Wal Ihssane a fait preuve d’un opportunisme qui se retournera vite contre elle. Après les hésitations du début, le mouvement a décidé de prendre le train en marche avant d’en redescendre confus.

Mais si les analystes politiques ont divergé sur les raisons du rapide épuisement du Mouvement du 20 février, ils ont été unanimes à insister sur un élément capital : le calme et la retenue raisonnés de la rue marocaine. Ayant parfaitement diagnostiqué la situation, le citoyen a fait le choix des réformes plutôt que le pari de se jeter dans le vide. Le vote massif de la Constitution du 1er juillet a donné le ton. Il illustrait la foi profonde que les réformes introduites par le nouveau texte fondamental se traduiront en fin de compte par des perspectives nouvelles de développement pour le pays.