Le Conseil de la concurrence a mis à nu les failles dont souffre le fonctionnement des professions libérales règlementées (PLR). L’accès à ces PLR reste désespérément verrouillé, malgré une demande croissante et une offre de faible apport au niveau national. Les clubs fermés des architectes, experts-comptables, avocats, notaires, médecins privés et pharmaciens, pour ne citer que ces professions parmi un total de 141 autres, sont mis à l’indexe par une étude du Conseil de la concurrence. A ce titre, le Maroc glane la plus mauvaise note de 27,5 points sur 36 en termes d’indice global des barrières à la concurrence et ce en comparaison avec ses partenaires économiques : la France, l’Italie et l’Espagne ou la Grande-Bretagne et les Pays-Bas. Le royaume n’est d’ailleurs pas loin de la France qui compte 20 points, puisque sa réglementation des PLR est largement inspirée du modèle français.
Dans son analyse, le Conseil de la concurrence relève une multitude de barrières difficilement franchissables pour l’accès à ces professions, estimant que leur maintien ne sert qu’à préserver certaines situations de rente. Il faut une décennie pour qu’un aspirant expert-comptable accède au statut de professionnel et pas moins de 7 ans de stage pour qu’un avocat puisse ouvrir son cabinet. Le Conseil relève à ce propos, les draconiennes conditions d’accès aux formations relatives à ces métiers, au terme desquelles, il est pratiquement impossible aux futurs professionnels d’accéder directement au marché, puisqu’il leur faut suivre d’abord une longue période de stage, ce qui dissuade bon nombre d’étudiants, malgré leur brillant cursus scolaire.
Dans son étude présentée mercredi, le Conseil de la concurrence décortique les conditions draconiennes d’accès à ces professions libérales, relevant des situations de monopole contraires aux règles du jeu de la concurrence et la restriction par la force de la loi, de l’entrée dans ces métiers, des capitaux aux non professionnels. La plus part des pratiquants des PLR sont également astreints à ne pas baisser leurs honoraires ou leurs prix par rapport à ceux en vigueur sur le marché, au grand dam des consommateurs et des détenteurs de capitaux. Le Conseil de la concurrence n’a pas également omis de dénoncer des ententes illégales sur les prix à pratiquer, une pratique qui, estime-t-il, limite le taux de croissance et de compétitivité dans les secteurs en question, lorsqu’on sait que le Maroc compte 6 médecins, 3 notaires et moins d’un ingénieur pour chaque 100.000 habitants et que seulement 10 pc des candidats réussissent le concours d’avocat. Les PLR constituent aujourd’hui une coquille hermétiquement fermée qu’il va falloir un jour ou l’autre, percer pour que ces professions ne restent pas à la traîne du rythme de développement du pays.