Manuel Barroso, le président de la Commission européenne en visite la semaine dernière à Rabat, serait revenu bredouille à Bruxelles après le refus, ferme mais polis, qui lui aurait été opposé par les responsables marocains sur l’épineuse question de la réadmission des migrants clandestins.
Selon des sources bien informées, les autorités marocaines ont poliment rejeté l’embarrassante demande de Barroso sur la réadmission des clandestins, que l’exécutif européen essaye de camoufler sous l’euphémisme de « partenariat sur la mobilité ». Pour de nombreux observateurs, Bruxelles fait preuve d’une bonne dose d’hypocrisie sur cette question. Parce que d’une part, les européens ont verrouillé la citadelle Europe face aux migrants et, de l’autre, ils essayent de forcer la main au Maroc pour devenir une terre d’accueil par procuration pour des dizaines de milliers de désespérés. Depuis quelques années déjà, le Maroc est confronté à un flux incessant de milliers de migrants qui s’infiltrent par ses frontières Est et Sud, essentiellement en provenance des pays subsahariens. Face à une Europe qui se referme sur elle-même, ces nomades forcés désespèrent de pouvoir faire la traversée du Détroit et d’atteindre l’Eldorado européen. Faute de mieux, ils restent bloqués au Maroc qui s’est progressivement transformé d’un pays pourvoyeur de migrants, puis de terre de transit pour les clandestins, en pays de destination forcé.
Bruxelles pense même « délocaliser » au Maroc les centres de rétention. Après avoir échoué à maintenir ces lieux d’enfermement, les Européens demandent à présent au Maroc de les accueillir. Pourtant, selon les mêmes sources, l’Union européenne sait mieux que quiconque que le Maroc n’a ni les moyens financiers, ni les capacités techniques et matérielles de l’Europe pour organiser et entretenir ces centres. Et comble d’hypocrisie, l’Europe refoule les clandestins tout en accusant le Maroc de les maltraiter.