Malgré sa décision de s’arroger le rôle de porte-parole exclusif du PJD, Abdelilah Benkirane n’a pas réussi à étouffer les critique de ses amis du parti islamiste, dont certains le rendent en partie responsable de la crise actuelle au sein de la majorité.
Les reproches, discrets mais percutants, auraient été formulés par des membres influents du parti. Ils en veulent à Benkirane d’avoir rejeté leur demande de réunir, dès dimanche, le secrétariat général du parti islamiste pour répondre à la décision de l’Istiqlal de quitter la coalition. Mais surtout, ils reprochent au chef du gouvernement son silence incompréhensible à l’égard des demandes de « l’allié » Chabat. Certains estiment même que c’est l’attitude arrogante, voire le mépris constant affiché par Benkirane à l’égard du patron de l’Istiqlal, qui ont conduit à la crise actuelle. Et ce n’est pas la reprise des réunions du gouvernement comme si de rien n’était qui va occulter la déchirure béante dans les composantes de la majorité, estiment-ils.
Pour eux, Benkirane devrait même tirer avantage de la situation actuelle en prenant des décisions de nature à désamorcer la crise. Et au lieu de continuer à ignorer les demandes de Chabat, le chef du gouvernement ferait mieux de saisir cette occasion pour aller à un remaniement ministériel qui, de toute façon, ne changerait pas la donne. Ceci, tout en donnant des signaux de sa volonté de partager la décision politique au sein de la majorité. Une attitude qui est seule à même de renvoyer un signal de confiance tant aux opérateurs économiques qu’à l’opinion publique.