La courageuse attitude de Fadwa Rajouani mérite qu’on s’y arrête. L’universitaire qui a été lâchement attaquée à l’arme blanche par un individu qui n’apprécie visiblement pas ses idées, n’a pas brisé sa combativité.
Après avoir reçu les soins nécessaires dans un hôpital d’Agadir, Fadwa a tenu à revenir à sa faculté le lendemain même de l’agression. La militante des droits de l’homme a confié que c’était sa manière de dire qu’elle n’était pas intimidée et qu’elle était prête à défendre sa liberté.
Un tel acte aurait pu être classé dans la catégorie des faits divers si son auteur n’avait pas cyniquement laissé un mot à sa victime, dans lequel il décrétait que « l’islam est la solution ». L’odieuse agression serait aussi passée inaperçue si elle n’intervenait pas dans un contexte miné par la montée des discours extrémistes. Les émissions religieuses diffusées à longueur de journée par les chaînes satellitaires de nos frères du Machrek, alimentent chez nous des polémiques sans nuances et des fatwas à l’emporte-pièce. La récente accusation d’apostasie proférée par un habitant près d’El Jadida contre un enseignant qui était apparemment en conflit avec lui, illustre le degré de contamination qui touche le débat public.
Il n’est pas trop tôt pour attirer l’attention sur les dangers de telles dérives. Les exemples ne manquent pas de pays qui ont insensiblement glissé de la violence verbale à la violence tout court. Presque partout dans le monde arabe, en Algérie, en Egypte, en Irak, plus récemment en Tunisie, les tentatives des uns d’imposer leurs croyances aux autres ou de les excommunier ont fini par dégénérer en actes sanglants, voire en luttes sans fin.