La leçon égyptienne

egypte-morsiCe qui se produit en Egypte doit servir de leçon à tous les courants islamistes arrivés au pouvoir dans les pays arabes. Les tentatives de monopole de la décision politique et la mentalité sectaire dont a fait preuve Mohamed Morsi au cours de son éphémère présidence, ont vite fait de dresser une partie du peuple égyptien contre lui.
Deux décennies plus tôt, un scénario presque similaire s’est produit en Algérie, avec l’atroce guerre civile qui s’en est suivie. Chaque fois que les courants islamistes arrivent, ou se sentent proches d’accéder au pouvoir, ils tombent dans l’erreur fatale de l’exclusivisme et du sectarisme. En Algérie, en Tunisie, en Egypte, au Yémen ou en Syrie, la raideur et l’intolérance affichées par les courants islamistes ont effrayé la société, affolé les élites politiques et provoqué la réaction des militaires. Le résultat est une réaction de rejet, souvent immédiate, presque toujours violente. Qu’ils soient des Frères musulmans ou d’autres courants salfistes, les mouvements à référentiel islamiste s’arrangent presque toujours pour se mettre à dos les autres composantes de la société, qui n’ont pas forcément la même vision des choses.
Au Maroc, même si la comparaison avec l’Egypte est à titre purement indicatif, le parti islamiste du PJD se trouve à la tête de la coalition  gouvernementale depuis plus d’une année et demie. Arrivés en tête des élections législatives de novembre 2011, les islamistes du Parti de la Justice et du Développement, sont pourtant toujours aux prises avec le même syndrome sectaire. Après plus de 18 mois aux affaires, le parti islamiste a le plus grand mal à s’entendre avec les autres composantes du gouvernement. Le principal allié du PJD, le parti de l’Istiqlal, reproche justement aux islamistes leur inclination à monopoliser la décision politique, sans aucune considération pour l’avis de leurs partenaires au gouvernement.
Au final, on est en présence d’une crise gouvernementale qui dure depuis plusieurs semaines, avec l’incurie des politiques qu’elle reflète. Ses conséquences se font ressentir au niveau des contre-performances gouvernementales et de l’inquiétude des gens. C’est dans ce sens que l’expérience égyptienne doit servir de leçon à tous.