Le Roi Mohammed VI a décidé de retirer sa grâce au pédophile espagnol, Daniel Galvan Fina et exigé l’ouverture d’une enquête approfondie pour l’identification du ou des responsables à l’origine de l’inclusion du nom de ce prévenu dans la liste des 48 détenus espagnols ayant bénéficié de la grâce royale.
Comme lors des manifestations du 20 février 2011 organisées au Maroc dans le sillage du printemps arabe, commente un diplomate basé à Rabat, le souverain marocain vient de prouver de nouveau dans cette affaire, qu’il est toujours à l’écoute de son peuple et de ses citoyens et répond spontanément à leurs doléances.
Daniel Galvan Fina (61 ans), a été condamné par la cour d’assises de Kenitra, au nord de Rabat, à 30 années de réclusion criminelle, pour viol contre onze enfants mineurs, avant d’être gracié et libéré.
Suite à une demande formulée par le Roi Juan Carlos 1er d’Espagne à l’occasion de sa dernière visite officielle au Maroc, 48 ressortissants espagnols détenus au Maroc, ont été ainsi graciés par le souverain marocain.
Dans un communiqué diffusé samedi, le palais royal précise que le Roi Mohammed VI «a ordonné une enquête approfondie pour déterminer les responsabilités et les erreurs qui ont conduit à cette regrettable libération et pour imposer les sanctions nécessaires ». Le souverain a également décidé de retirer à titre « exceptionnel », sa grâce au criminel Daniel Galvain, « en considération des défaillances qui ont marqué la procédure, de la gravité des crimes commis et du respect du droit des victimes ».
La même source assure que le Roi n’a jamais été informé, de quelque manière que ce soit et à aucun moment, de la gravité des crimes abjects commis par le prévenu espagnol, ajoutant que « jamais le souverain n’aurait consenti » à ce que ce prisonnier « puisse arrêter de purger sa peine, au regard de l’atrocité des crimes monstrueux » qu’il a commis.
Le Roi Mohammed VI a aussi demandé à son ministre de la justice, Mustapha Ramid d’examiner avec son homologue Espagnol, les suites à donner au retrait de cette grâce.
Compte tenu des accords liant le Maroc et l’Espagne en matière de coopération judiciaire, Rabat peut exiger à tout moment, l’extradition du criminel, sachant que la liste des détenus espagnols ayant bénéficié de la grâce royale, a été établie par les autorités espagnoles avant d’être soumise aux autorités marocaines en charge d’instruire les demandes de grâce royale.
Au Maroc, les services concernés devaient normalement passer au peigne fin toutes les demandes afin d’écarter les prévenus non habilités, mais dans le cas de Galvan, ils ont fait preuve de certaines négligence au même titre qu’à Madrid, où le gouvernement est également pointé du doigt.
D’ailleurs le parti socialiste (opposition) a dénoncé un fait d’une « extrême gravité » et demandé une « explication immédiate » du gouvernement.
La vice-présidente du parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Elena Valenciano « considère d’une extrême gravité, le fait qu’une personne qui a été condamnée à 30 ans pour abus de 11 enfants, ait pu être graciée. Elle exige une explication immédiate du gouvernement espagnol ». Valenciano, précise-t-on au PSOE, comptait déposer dès ce lundi, une question orale devant le congrès des députés pour obtenir du ministre des Affaires étrangères, Jose Manuel Garcia-Margallo, une « explication urgente » sur l’inclusion du nom du pédophile dans la liste des personnes graciées.
Les départements espagnols des affaires étrangères et de la justice, estime un juriste espagnol basé à Madrid, devraient collaborer sans réserve, avec les autorités du Royaume chérifien et prévoir sérieusement la possibilité d’extradition de Galvain, afin de mettre fin au tollé soulevé par sa libération au Maroc et ailleurs.
Du côté marocain, le ministère de la Justice qui vient juste de finaliser la réforme de justice et dont une nouvelle charte est fin prête et n’attend que sa mise en œuvre, aurait été également sollicité de proposer d’urgence, les mesures à prendre pour verrouiller les conditions d’octroi de la grâce royale afin d’éviter toute erreur de jugement au moment de l’étude des demandes.
Les décisions courageuses et sans précédents prises par le souverain marocain, estime le juriste espagnol, sont de nature à calmer l’ardeur des manifestants qui réclament la tête du pédophile espagnol, assurant que ce dernier a de fortes de chances de retourner bientôt dans sa cellule à Kénitra pour purger le reste de sa peine.