Le gouvernement a finalement appliqué l’indexation sur les produits pétroliers, mais de quelle manière. Il aura fait durer le suspens jusqu’à la dernière minute. Les confirmations et démentis savamment distillés ont fait planer un doute inutile sur la date d’entrée en vigueur de la hausse.
A moitié surpris seulement, les premiers automobilistes et professionnels du transport s’en sont rendu compte en s’arrêtant à la première station-service ce lundi. A Rabat, le prix de l’essence est passé à 12,83 DH et celui du gazole à 8,9 DH. Une augmentation de 59 et 69 cts respectivement. Pour les zones plus éloignées, il faut arrondir les chiffres. Mais si le gouvernement a pris le soin d’annoncer clairement l’indexation partielle des produits pétroliers, il s’est en revanche bien gardé d’en préciser la date. Les principaux ministres concernés ont participé à brouiller les pistes en disant une chose et son contraire. Najib Boulif, le ministre des Affaires générales et de la gouvernance a même assuré, quelques jours avant l’entrée en vigueur de l’indexation, qu’aucune date n’avait encore été fixée. Pas besoin d’être grand clerc pour deviner que le recours du gouvernement à ce genre de cachotteries est motivé avant tout par le souci d’éviter les effets pervers de la spéculation. Les autorités ont ainsi attendu jusqu’à dimanche soir pour informer les distributeurs. Même les pompistes ont été gardés dans l’ignorance jusqu’à la dernière minute.
L’ennui avec la démarche du gouvernement, c’est qu’en entourant de mystère cette augmentation, et probablement d’autres qui suivront, il sacrifie le précieux objectif pédagogique. Difficile dans ces conditions d’habituer progressivement le consommateur aux fluctuations des cours internationaux qui devraient se répercuter nécessairement sur son budget, déjà éprouvé par les cherté de la vie. Car, si l’indexation est incontournable pour sauver des finances publiques plombées par la compensation, la démarche d’explication aux citoyens n’est pas moins indispensable. L’objectif est de créer un minimum de confiance.
Pétrole-indexation : le suspens jusqu’au bout
