Le«rêve européen»est-il en train de se transformer lentement en rêve marocain ? En tout cas, c’est une première dans un pays du Sud. Le Maroc s’engage dans une politique d’asile et se lance dans la régularisation des migrants clandestins après la fermeture de la forteresse Europe sur elle-même.
L’opération est programmée à titre exceptionnel tout au long de l’année 2014, mais pour des milliers de subsahariens et autres apatrides qui se trouvent au Maroc, c’est une décision inespérée. Et pour 850 demandeurs d’asile, c’est tout simplement la délivrance. Inscrits sur une liste établie par la représentation du HCR à Rabat et le Bureau des Réfugiés et Apatrides du ministère des Affaires étrangères, leur régularisation est d’ores et déjà acquise. Tout a commencé en septembre dernier, lorsque le roi Mohammed VI a demandé au gouvernement de procéder à la régularisation des sans papiers. Le Maroc est en effet confronté depuis quelques années à des flux ininterrompus de migrants qui arrivent essentiellement en provenance de pays d’Afrique subsaharienne en passant par l’Algérie. Et après avoir été un pays émetteur de migrants, le Maroc est passé au statut de pays de passage avant de devenir aujourd’hui un pays d’établissement. Il compte aujourd’hui quelque 40.000 clandestins, selon diverses estimations.
Dans le détail, l’opération de régularisation concernera les immigrés illégaux africains porteurs d’un contrat de travail de deux ans ou ayant séjourné au Maroc pendant 5 ans. Autres catégories concernées par la nouvelle politique d’immigration et d’asile, les étrangers mariés à une étrangère porteuse d’une carte de séjour, les couples d’étrangers en situation illégale mais qui sont établis dans le royaume depuis 5 ans. Ils pourront ainsi accéder au marché de l’emploi, se faire soigner dans les hôpitaux, envoyer leurs enfants à l’école, etc.
La main tendue marocaine est toutefois loin d’être une initiative isolée. Depuis plus d’une décennie déjà, le Maroc officiel aussi bien que les entreprises privées, s’investissent dans une politique de coopération Sud-Sud résolument solidaire. Une politique concrétisée par la présence de milliers d’étudiants de différents autres Etats africains dans les universités et instituts marocains, mais aussi par la présence de plusieurs opérateurs marocains dans les pays d’Afrique subsaharienne et d’Afrique de l’Ouest, notamment dans les secteurs de la banque, les assurances, les télécoms, le BTP…