Le Maroc ne semble pas encore convaincu de dissiper les nuages qui planent depuis quelques jours sur ses relations avec la France, l’un de ses principaux partenaires commerciaux et allié stratégique.
La crise diplomatique entre Paris et Rabat a éclaté au lendemain du dépôt de plaintes auprès d’une juridiction parisienne par une ONG pour « torture » et « complicité de torture » contre un haut commis de l’Etat marocain qui n’est autre que le patron de la direction de surveillance du territoire (DST), Abdellatif Hammouchi.
La brouille inhabituelle entre les deux pays, dont les rapports étaient jusqu’à cette date, excellents à tous les égards, a été alimenté aussi par le débarquement jeudi dernier à la résidence de l’ambassadeur du Maroc à Paris, de sept policiers venus remettre à Hammouchi, une convocation d’un juge d’instruction, sans passer, comme il est de coutume, par les canaux diplomatiques.
Ce qui a aggravé un peu plus les choses ce sont les propos «scandaleux» qui ont été attribués par l’acteur espagnol Javier Bardem, un adversaire acharné contre la marocanité du Sahara, à l’ambassadeur français auprès de l’ONU, Gérard Araud. Celui-ci lui aurait confié en 2011 à New-York, que le Maroc est une « maîtresse avec laquelle on dort toutes les nuits, dont on n’est pas particulièrement amoureux mais qu’on doit défendre ».
La petite phrase a amené une dizaine de milliers de Marocains à se rassembler devant l’ambassade de France à Rabat, pour exprimer leur colère contre les supposés propos d’Araud.
Le lendemain c’est au tour du ministère marocain de la justice d’annoncer la suspension de « l’exécution de tous les accords de coopération judiciaire avec la France », pour, explique-t-il, «remédier aux dysfonctionnements qui les entachent ».
Le non-dit dans cette crise diplomatique franco-marocaine, c’est que derrière les plaintes judiciaires contre le directeur général de la DST se trouve une ONG chrétienne qui revendique plusieurs campagnes d’évangélisation au Maroc comme en Irak, au Liban ou en Syrie.
Des observateurs à Paris comme à Rabat s’interrogent sur les vrais mobiles de l’ONG Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), de vouloir prendre la défense de Marocains, de surcroit de confession musulmane en attaquant en justice, le patron de la DST, si ce n’est un règlement de compte avec les autorité marocaines qui interdisent les campagnes d’évangélisation menés discrètement au Maroc par de jeunes missionnaires occidentaux.