Le mariage des filles mineures relance une controverse qui semblait dépassée. Pourtant, la résurgence de ces dissensions au sein de la majorité révèle que les anachronismes n’ont pas totalement disparu sur cette question, même si le Code de la famille est aujourd’hui vieux de dix ans.
C’est la révision de l’article 20 du fameux Code qui oppose le PJD à son allié PPS. L’âge légal du mariage des filles est fixé à 18 ans, avec certaines exceptions accordées aux juges qui peuvent marier des filles qui n’ont pas encore atteint ce seuil. Les islamistes du PJD sont pour une révision qui fixe l’âge du mariage des filles à 16 ans, au nom du respect des traditions et des pratiques en cours dans de nombreuses familles rurales. Le PJD pourrait se tourner vers le Conseil supérieur des oulémas, dont l’avis serait forcément basé sur les préceptes de la chariaâ islamique. Les amis de Nabil Benabdellah, quant à eux, sont opposés à toute exception et se battent pour que l’âge du mariage des filles soit définitivement fixé à 18 ans minimum, sans aucune dérogation possible. Pour le PPS, la question relève des droits humains et c’est le Conseil national des droits de l’homme (CNDH) qui doit se prononcer à son sujet.
Dans ce profond clivage qui divise deux compostes de la majorité, l’issue de la révision de l’article 20 n’est pas tranchée d’avance. Mais la combativité du PPS a de fortes chances d’être soutenue par les principaux partis de l’opposition : USFP, Istiqlal, PAM, même si d’autres parlementaires hésitent à trancher dans un débat complexe, où s’entrechoquent les mentalités et les préjugés. Le seul bémol, c’est qu’au sein même du courant islamiste, des voix audibles s’élèvent pour dénoncer le mariage des mineures comme une atteinte aux droits de l’enfance.