La baisse des prix des médicaments est enfin entrée en vigueur après des mois de polémique et de controverses entre le ministre de la santé, à l’origine de cette réforme audacieuse, et les professionnels du médicament.
Mais si la baisse vient soulager des milliers, voire des millions de patients, particulièrement ceux qui souffrent de maladies exigeant de lourdes dépenses, elle dévoile en même temps les dysfonctionnements qui rongent le secteur de la santé dans son ensemble. Car, à voir les taux conséquents de réduction des prix de plus de 1500 médicaments, on mesure l’ampleur des marges que l’industrie du médicament empochait indûment sur le dos de malades accablés. Ainsi, la baisse oscille entre 20 et 80% sur pas moins de 656 produits. Si la marge dépassait les 80% de bénéfices, il y a donc problème. Il serait toutefois inapproprié de faire supporter de telles exactions aux seuls pharmaciens, car les responsabilités s’étendent bien au-delà aux laboratoires et à d’autres paliers dans la chaîne de l’industrie pharmaceutique.
Pour ce qui est de la mise en ordre des cliniques et chez les médecins qui ont un pied dans le public et un autre dans le privé, le ministre de tutelle Houcine Louardi, a montré la même fermeté. La réforme du secteur de la santé dans son ensemble exige beaucoup de persévérance. Patience et courage sont indispensables pour venir à bout des rentes qui se sont ancrées dans les esprits et sur les comptes bancaires. Car à trop se nourrir sur la bête, on finit par la saigner à blanc.