L’avenir de la caisse de compensation anime toujours les débats entre divers intervenants, mais sa délicate réforme traine toujours en attendant la potion magique.
Le président de la Cour des comptes, Driss Jettou est revenu mercredi à la charge en tirant la sonnette d’alarme, sur le lourd fardeau que fait supporter cette Caisse au budget de l’Etat.
Intervenant mercredi devant la commission parlementaire de contrôle des finances publiques, Jettou a dressé un tableau critique du gâchis qu’occasionne cette caisse, tout en mettant en garde l’exécutif contre toute hausse précipitée ou illimitée des prix des produits de base. Il a de même, émis des réserves sur l’idée de Benkirane de distribuer directement des aides aux pauvres, prévenant que ce projet exige au préalable, la mise au point d’un mécanisme efficace et fiable.
Dans son dernier rapport, la Cour des comptes recommande le maintien de la subvention au profit de certains produits de large consommation comme la farine, le sucre ou les butanes de gaz, par souci de préserver le pouvoir d’achat des classes démunies et de sauvegarder ainsi la paix sociale.
En revanche, les magistrats de la cour insistent sur la levée progressive du soutien aux hydrocarbures liquides, qui profite plus aux grandes sociétés. Pour le cas du gaz butane, souligne le rapport, les opérateurs agricoles et surtout les aviculteurs, bénéficient de 40% du soutien de la Caisse de compensation.
Les familles aisées elles-aussi, bénéficient plus que les autres classes démunies, du soutien accordé par cette Caisse, a fait observer Driss Jettou.
En 2013, rappelle-t-il, la compensation a profité aux familles à hauteur de 16 milliards de DH, à l’agriculture/aviculture (11 milliards de DH), aux transporteurs (7 milliards de DH), à l’ONEE (5 milliards de DH) et à l’industrie (4,5 milliards de DH).
La Cour des comptes recommande à l’exécutif le transfert des économies ainsi réalisées par la Caisse de compensation vers le financement des investissements et appelle à la mise en place d’une commission de veille interministérielle et d’une véritable stratégie de développement pour réduire le recours aux prestations de cette Caisse.
Parallèlement à ces mesures de rafistolage, et dans l’attente d’une réforme qui fait l’unanimité, le gouvernement Benkirane se dit déterminé à se débarrasser de cette caisse, mais il ne sait pas encore comment égorger la poule aux œufs d’or sans faire couler de sang et sans causer des dégâts collatéraux!