Le chef du gouvernement n’en a pas fini avec les syndicats, malgré le surprenant rapprochement qui a eu lieu récemment entre Abdelilah Benkirane et le leader de la CDT, Noubir Amaoui. Les autres centrales restent aux aguets, dont l’UGTM et la FDT qui ont menacé de recourir à une nouvelle grève générale.
Réunies en session extraordinaire vendredi 9 janvier, les instances dirigeantes de l’Union générale des travailleurs du Maroc et la Fédération démocratique du travail ont de nouveau dénoncé la politique sociale du gouvernement. Elles ciblent en particulier ce qu’elles estiment une attaque du gouvernement contre « le pouvoir d’achat des citoyens à travers l’augmentation des prix».
L’enlisement du dialogue social était également à l’ordre du jour, sur fond de persistance des désaccords avec l’exécutif sur la manière de conduire la réforme de la retraite. Les deux syndicats semblent en effet insensibles aux arguments du gouvernement qui s’appuient sur la précarité des équilibres démographiques et financiers des caisses de retraite. Mohamed Boussaid, le ministre de l’Economie et des Finances, l’avait souligné encore une fois au conseil d’administration de la Caisse Marocaine de Retraite (CMR), fin décembre. La réforme est inévitable, avait-il martelé.
Toutefois, malgré ces cris d’alarme, les axes de la réforme sont loin de satisfaire les centrales syndicales. Le gouvernement prévoit en effet le relèvement de l’âge de départ à la retraite, l’augmentation des cotisations et la baisse des taux d’annuité de 2,5% actuellement à 2% pour les futurs retraités. Des mesures que les syndicats rejettent énergiquement au motif que c’est au gouvernement de prendre en charge les frais de la réforme puisqu’il est, d’après eux, responsable de la situation inextricable que connaissent aujourd’hui les caisses de retraite.
Parallèlement à la question des retraites, l’UGTM et la FDT ont aussi vivement critiqué l’«indifférence du gouvernement à l’égard des revendications de la classe ouvrière». Et c’est dans ce climat de défi que les deux syndicats menacent d’organiser des manifestations régionales et nationales, avant de passer à la grève nationale, qui pourrait être la deuxième après celle d’octobre 2014.