Des actes de répression de l’opposition au Venezuela assimilés à des crimes contre l’humanité

Les experts de la Mission internationale indépendante d’établissement des faits dans la République bolivarienne du Venezuela ont rendu hier mardi un rapport dont les conclusions donnent des détails sur la chaîne de commandement et le rôle de plusieurs personnes dans « l’exécution d’un plan orchestré par le président Nicolas Maduro et d’autres hauts responsables pour supprimer l’opposition du gouvernement». 

Créée en 2019, la mission, qui n’a pas le droit de se rendre au Venezuela, a dû conduire son enquête à partir des régions frontalières et par le biais d’entretiens à distance. 

Elle fonde ses conclusions dans ses deux rapports sur deux cent quarante-six témoignages confidentiels, « y compris avec des victimes, des membres de leur famille et d’anciens employés des services de sécurité et de renseignement », ainsi que sur des dossiers et d’autres documents juridiques. 

Le premier rapport épingle particulièrement les services de renseignement vénézuéliens. Dans un communiqué de presse, la mission dit avoir documenté cent vingt-deux cas de victimes «qui ont été soumises à la torture, à des violences sexuelles et/ou à d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants» perpétrés par des agents de la direction générale vénézuélienne du contre-espionnage militaire (DGCIM). 

La mission rapporte également que, pour sa part, le Service bolivarien d’intelligence nationale (SEBIN) «a torturé ou maltraité des détenus, y compris des politiciens de l’opposition, des journalistes, des manifestants et des défenseurs des droits humains, principalement dans le centre de détention d’El Helicoide, à Caracas». Elle dit avoir enquêté sur au moins 51 cas depuis 2014. 

La mission affirme que les violations et les crimes commis, incluant la violence sexuelle et sexiste pour torturer et humilier leurs détenus, par le SEBIN et la DGCIM se poursuivent à ce jour, dans un climat d’impunité presque totale. 

La mission dénonce également dans son second rapport les crimes et exactions commis contre la population locale dans certaines zones du pays riches en or par « des acteurs étatiques et non étatiques », détaillant les meurtres, les disparitions, l’extorsion, les châtiments corporels et la violence sexuelle et sexiste.