Le gouvernement de Transition au Burkina Faso a annoncé samedi dernier «la suspension» jusqu’à nouvel ordre et avec effet immédiat, des programmes de la RFI (Radio France Internationale) sur toute l’étendue du pays. Une décision qui ne fait pas l’unanimité, indique dans un communiqué, le porte-parole du gouvernement et ancien journaliste à la télévision nationale, Jean Emmanuel Ouédraogo.
Cette mesure intervient après la diffusion de deux reportages sur les antennes de la radio française. Le premier, diffusé samedi dernier, porte sur «le relai d’un message d’intimidation des populations attribué à un Chef terroriste», selon l’exécutif qui fait allusion au chef d’Ansarul islam, branche locale du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM).
Quant au second reportage reproché à RFI, il traite de la confirmation d’une tentative de coup d’Etat par le Président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré.
Le gouvernement reprochait au média français un «manquement grave» et l’accuse de propager «une information mensongère» et s’est dit indigné face «à l’attitude tendancieuse des journalistes de ce média et leur propension à jeter un discrédit sur la lutte dans laquelle le Peuple burkinabè est engagé pour plus de liberté et de dignité».
Le journaliste d’investigation, Newton Ahmed Barry a dénoncé la décision du gouvernement qui, selon lui, n’est pas habilité à suspendre un média, précisant que «cette prérogative revient au Conseil supérieur de la communication (CSC). Sauf si la loi a changé».
La suspension de RFI est un nouveau pas dans la détérioration des relations entre le Burkina Faso et la France. Depuis plusieurs semaines, des manifestants réclament le départ des forces spéciales françaises basées à Kamboinssin. Ils s’en sont pris à plusieurs reprises, aux enseignes de l’ambassade de France et de l’institut français à Ouagadougou.