L’entêtement des autorités nigérianes à faire d’un imaginaire entretien téléphonique entre le roi Mohammed VI et le président nigérian, un agument de campagne électorale en faveur de Goodluck Jonathan agace le Maroc, qui a décidé de rappeler l’ambassadeur du Royaume à Abuja pour consultation.
L’obstination du côté d’Abuja est d’autant moins compréhensible qu’elle intervient quelques jours seulement après que le Roi Mohammed VI ait clairement rejeté une demande de la présidence nigériane pour un entretien téléphonique. Le souverain avait jugé inopportun d’accéder à cette demande qui avait toutes les apparences d’une tentative de récupération de l’électorat musulman du Nigeria, alors que l’élection précédentielle est prévue pour le 28 mars.
Outre les manœuvres électorales internes, le refus royal de cet entretien téléphonique est aussi lié aux positions « foncièrement hostiles » du Nigeria à l’égard de l’intégrité territoriale du royaume.
Mais voilà, malgré ce rejet sans détours, les autorités nigérianes s’entêtent à parler d’un entretien téléphonique qui n’a jamais eu lieu entre le souverain marocain et le président nigérian.
Certes, Goodluck Jonathan est conscient du poids des quelque 40 millions de musulmans du Nigeria. Il n’ignore pas non plus l’influence spirituelle du roi Mohammed VI, qui jouit d’un large respect parmi la communauté musulmane d’Afrique occidentale en sa qualité religieuse de Commandeur des croyants. Mais de là à verser dans le mensonge, il n’y a qu’un pas que les autorités nigérianes n’ont pas hésité à franchir.
La riposte du Cabinet royal a été énergique. Ce dernier « dément catégoriquement les allégations mensongères des autorités nigérianes faisant état d’un prétendu entretien téléphonique entre le Souverain et le président de la république du Nigeria ». De son côté, le ministère des Affaires étrangères dénonce « ces pratiques contraires à l’éthique » et annoncé le rappel immédiat en consultation de l’ambassadeur du Maroc à Abuja.