La Lettre spécialisée Vernimmen, un manuel de finance d’entreprise en France, vient de révéler que les quarante plus grosses entreprises françaises cotées à la Bourse de Paris ont versé en 2022 à leurs actionnaires 56,5 milliards d’euros de dividendes, contre 45,6 milliards en 2021 et 28,6 milliards en 2020, durant la pandémie, et procédé à 23,7 milliards de rachats d’actions.
Les entreprises du Cac 40 ont donc redistribué à leurs actionnaires l’an dernier plus de 80 milliards d’euros, ce qui représente le niveau le plus haut jamais enregistré depuis la première édition de l’étude annuelle de Vernimmen, voilà 19 ans.
Les auteurs de la Lettre Vernimment attribuent cet exploit à la résilience de l’économie française, avec notamment un taux de chômage au plus bas depuis 2008 à 7,3% et des créations d’entreprises à leur plus haut niveau historique, malgré un contexte économique et géostratégique compliqué.
Les trois premiers groupes concernés sont TotalEnergies (13,3 milliards redistribués aux actionnaires), LVMH (7,1 milliards), et Sanofi (4,7 milliards), qui représentent 31% du volume global. La barre des 50% est franchie en ajoutant quatre autres groupes à ce trio de tête, BNP Paribas, Stellantis, AXA et Crédit Agricole.
Les fonds redistribués permettent de réallouer une ressource rare, les capitaux propres d’entreprises qui n’en ont plus l’utilité, vers des entreprises nouvelles qui en ont besoin. 839 start-up françaises de moins de dx ans d’âge ont ainsi pu trouver plus de treize milliards de capitaux propres pour financer leur développement et couvrir leurs pertes.
Mais la révélation de ces chiffres dans un contexte d’inflation et de réforme des retraites fait débat, notamment à gauche où certains souhaiteraient faire contribuer les profits au financement des retraites plutôt que de reculer l’âge de départ.