La Chine vise l’autonomie en matière de semi-conducteurs

Le ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang a déclaré hier dimanche que les restrictions annoncées par Tokyo à l’exportation d’équipements de fabrication de semi-conducteurs ne vont que «stimuler davantage» la Chine pour «devenir autonome». 

Le chef de la diplomatie chinoise a fait sa déclaration à son homologue japonais qui était en visite en Chine, une première pour un chef de la diplomatie nippone depuis plus de trois ans. 

Récemment, le Japon a annoncé des restrictions à l’exportation des équipements de fabrication de semi-conducteurs, éléments indispensables au fonctionnement de tout produit incluant de l’électronique. 

Le ministre japonais de l’Economie Yasutoshi Nishimura a confié vendredi dernier à la presse, que cette mesure est destinée à «prévenir le détournement de la technologie à des fins militaires», assurant qu’aucun pays n’était ciblé en particulier.

Le gouvernement nippon compte lancer une consultation publique sur les restrictions à l’export qu’il envisage, concernant 23 types d’équipements de fabrication de semi-conducteurs avancés, et qui doivent entrer en vigueur en juillet 2023. 

Mais la Chine se sent visée, d’autant plus que le Japon n’est pas le premier Etat à vouloir mettre en place une telle mesure. En Octobre, les Etats-Unis ont annoncé vouloir de nouveaux contrôles à l’exportation visant à limiter la capacité de Pékin à acheter et fabriquer des puces haut de gamme «utilisées dans des applications militaires». 

La Chine avait riposté fin 2022 en initiant une procédure auprès de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), accusant Washington de mettre en péril les chaînes mondiales d’approvisionnement. 

Et début mars, ce sont les Pays-Bas, un des acteurs importants dans ce secteur, qui ont annoncé qu’ils allaient eux aussi freiner l’exportation de technologies destinées à la fabrication de puces électroniques pour des raisons de « sécurité ». 

La Chine, qui là non plus n’avait pas été directement nommée, avait vivement critiqué la décision de La Haye, le résultat selon elle, du «harcèlement et de l’hégémonie» de l’Occident. 

Afin de réduire sa dépendance aux importations étrangères pour ses puces électroniques, la Chine a investi ces dix dernières années des milliards de dollars dans sa propre industrie de semi-conducteurs. Elle a également annoncé début mars, qu’elle allait injecter 1,9 milliard de dollars de financements dans l’un des principaux fabricants chinois de ce secteur, Yangtze Memory Technologies Co (YMTC).