Le Pentagone a estimé hier lundi que l’apparente fuite de documents classifiés secrets aux Etats-Unis, évoquant aussi bien des missions d’espionnage que des informations précises sur l’état des troupes en Ukraine ou sur l’offensive à venir, et qui semblent authentiques pour la plupart, pose un risque « très grave » pour la sécurité nationale des Etats-Unis.
En tout, un peu plus de 50 documents portant la mention «secret», «top secret», ou encore «NOFORN» (abréviation de «ne pas communiquer à des ressortissants étrangers») se sont retrouvés en ligne. Apparus pour la première fois entre le 1er et le 2 mars, ce n’est que le 5 avril qu’un compte de propagande pro-russe s’est emparé de certains documents pour les publier sur Telegram.
Parmi les fichiers mis en ligne, 31 documents sont liés à l’Ukraine, dont des cartes sur les points stratégiques de la guerre, comme Bakhmout et Kharkiv, un calendrier des livraisons de munitions prévues pour Kiev ou des informations sur la situation sur le front.
Ils révèlent notamment que douze brigades ukrainiennes, dont neuf entraînées et équipées par les Etats-Unis et leurs alliés avec des précisions sur leurs types d’armes lourdes et équipements, seraient en train d’être constituées dans l’objectif de mener une offensive au printemps.
Il y a aussi une analyse qui remonte à février qui s’inquiète par exemple de la capacité de l’Ukraine à protéger ses troupes et ses infrastructures stratégiques, et une autre datée du 23 février sur la diminution rapide des munitions des systèmes de défense aérienne de Kiev, qui pourraient s’épuiser d’ici au 23 mai au rythme d’utilisation actuel.
Une dernière information révèle qu’une source au sein du gouvernement russe permettrait aux services secrets américains de connaître les cibles des bombardements russes en Ukraine.
Un porte-parole du ministère américain de la Défense, Chris Meagher, n’a pas voulu se prononcer hier lundi devant la presse sur l’authenticité des documents, assurant qu’une équipe du ministère de la Défense travaillait à déterminer s’ils étaient véritables.
Au moins un des documents semble avoir été altéré pour laisser croire que l’Ukraine aurait subi des pertes plus importantes que la Russie, quand le supposé original disait l’inverse. Les conséquences de ces fuites pourraient être importantes, voire même mortelles pour les sources des renseignements américains. Le ministère de la Justice a ouvert une enquête pénale.