Libération: Macron commémore le 8 Mai dans “l’isolement” et la “solitude” politiques

Le président français, Emmanuel Macron, a commémoré, lundi, la fin de la Seconde Guerre mondiale sans « aucun soutien populaire » alors que les images des célébrations illustrent “l’isolement” et la “solitude” politiques du chef de l’État et une “démocratie dysfonctionnelle”, commente mardi le quotidien Libération.

Le peuple de Paris n’était pas convié à la cérémonie du 8 Mai sur les Champs-Élysées et il en était même écarté, repoussé, interdit, souligne le journal dans un billet intitulé “8 Mai : Macron aux Champs isolé”.

“Des rangées de barrières métalliques, des blocs de béton formaient un large espace inaccessible à quiconque. Dès lors, personne, sinon les forces de l’ordre en nombre, n’a vu la voiture présidentielle et le cortège de motos, de chevaux remontant ce qui était devenu la plus sinistre avenue du monde”, ajoute Libération, pour qui “lundi, pour la première fois, la population n’était pas là. Tout n’était fait que pour les images télés ».

S’agissait-il “d’éviter une casserolade ?’’. Et “si nous en sommes là, c’est que notre démocratie qui fait répondre à l’abus de procédures parlementaires expéditives et débaticides par des concerts de matériel de cuisine, a atteint un sommet d’immaturité dramatique”.

“L’isolement” d’Emmanuel Macron, ainsi symbolisé par les images du 8 Mai, ou par le « luxe » de protection que les préfets doivent mettre en place à chacun de ses déplacements, souligne aussi “sa solitude politique”, estime Libération.

‘’Le macronisme ne dispose même plus de ressources militantes pour envoyer quelques soutiens sur les Champs-Elysées afin de saluer, comme il se doit, le passage de leur héros. Il ne peut pas non plus compter sur les bataillons d’anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale, presque tous disparus’’, note Libération.

Bref, relève l’auteur du billet, Emmanuel Macron n’est pas épaulé par une armée de partisans, et il n’arrive plus, non plus, à habiter la fonction arbitrale et surplombante de président de la République qui, lors des jours de commémoration, doit se départir de ses fonctions partisanes pour ne représenter que la permanence du pays.

Ces signes sont plus “tristes et désolants que scandaleux” et prouvent, au moins, qu’à l’issue des cent jours que le Président et la Première ministre se sont donnés pour tourner la page du hiatus consécutif à la réforme des retraites, il faudra que l’exécutif prenne une initiative politique ou institutionnelle forte, propre à changer cette mauvaise ambiance qui règne en France”.