Affaire des jupes : attention à la banalisation du discours radical !

L’affaire des jupes trop courtes d’Inezgane est un révélateur fâcheux du débat sur les mœurs publiques et des surenchères religieuses qui agitent la société. Une affaire qui justifie, a posteriori, la politique proactive suivie par les pouvoirs publics en termes de vigilance sécuritaire aussi bien qu’au niveau de l’accompagnement religieux.

sitting-jupe

Les deux filles légèrement vêtues dans la petite ville d’Inezgane ont eu la malchance de tomber entre les mains d’une foule remontée, qui a sa propre appréciation de la manière de s’habiller. Aucun respect du droit d’être différent, aucun respect de l’autre.

Mais, la police et le procureur ont-ils eu le bon réflexe de se plier aux humeurs de la cohue et d’arrêter les deux jeunes filles ? Celles-ci ont dû passer la nuit au commissariat avant d’être poursuivies en état de liberté. Le chef d’accusation est incompréhensible : « atteinte aux mœurs ».

C’est connu, le discernement n’est pas un problème propre du corps de la justice. L’éducation nationale est peut être plus affectée encore, où l’on constate impuissants que de nombreux enseignants se plaisent à bourrer la tête des petits par des balivernes d’un autre âge.

Le plus grave, c’est que ces soi-disant pédagogues outrepassent les programmes scolaires et se fient volontiers aux fatwas importées des chaines satellitaires d’un Orient arabe en voie de désintégration.

Il est de la plus haute importance de tuer dans l’œuf les tentatives de banalisation du discours religieux radical qui pointe du nez. C’est une étape très dangereuse qui risque de faire le lit des réquisitoires haineux et takfiristes contre la société.

Car, ce qui s’est passé à Inezgane n’est pas un cas isolé. La banlieue poussiéreuse d’Inezgane n’est pas loin de la plantureuse Agadir, avec ses plages kilométriques et ses touristes venus du Nord. Dans ce haut lieu du tourisme balnéaire national et international, quelques écervelés qui n’en sont pas moins dangereux, ont aussi poussé l’affront très loin. Sur la célèbre plage de Taghazoute, ils ont inscrit sur une banderole noire des mots sommant les touristes d’éviter le bikini.

Dans les deux cas, il serait irraisonnable de ne pas voir une dérive verbale dangereuse, de l’ampleur de celle qui a eu lieu dans plusieurs pays arabes avant de tourner à l’affrontement armé généralisé.

C’est pourquoi il est indispensable que les pouvoirs publics, la société civile et les citoyens maintiennent la vigilance à un haut degré, sans jamais se laisser aller à une négligence qui pourrait s’avérer fatale.