La Syrie décide la réouverture du principal point de passage Bab Al-Hawa pour acheminer l’aide humanitaire

L’ambassadeur de la Syrie auprès des Nations unies, Bassam Sabbagh a annoncé ce jeudi, que « le gouvernement arabe syrien a pris la décision souveraine d’accorder à l’ONU la permission d’utiliser le point transfrontalier de Bab Al-Hawa pour livrer de l’aide humanitaire aux civils qui en ont besoin dans le Nord-ouest de la Syrie ». 

Il s’agit d’un revirement total dans la position du régime de Bahar al-Assad qui avait refusé tout transit des aides humanitaires par ses frontières pendant dix ans. Avec la décision de réouverture du poste frontalier Bab Al-Hawa, par lequel transitent 85% de l’aide, ce sont au total 2,7 millions de Syriens d’Idleb, qui pourront encore recevoir de l’aide. 

Mais si les Occidentaux affichent un certain soulagement de voir que l’aide pourra continuer à affluer vers le Nord syrien, ils sont cependant inquiets que l’ONU et l’aide qu’ils financent largement, dépendent désormais du bon vouloir de Damas. De leur côté, des diplomates du Golfe et d’Afrique y voient un signe d’ouverture de plus de Bachar al-Assad, un gage en faveur de sa réhabilitation. 

Un mécanisme créé en 2014 permettait à l’ONU d’acheminer de l’aide humanitaire aux populations des zones rebelles du Nord-ouest de la Syrie, sans autorisation du gouvernement syrien, qui dénonçait régulièrement une violation de sa souveraineté. 

Au départ, il prévoyait quatre points de passage, mais après des années de pression, en particulier de Moscou, allié du régime syrien, seul le poste de Bab Al-Hawa, reliant la Turquie à la Syrie, était resté opérationnel et son autorisation avait été réduite à six mois renouvelables au lieu d’un an comme le souhaitent l’ONU et son Conseil de Sécurité. 

Depuis quatre ans, les renouvellements des autorisations de passage humanitaire font régulièrement l’objet de bras de fer entre la Russie et le reste des membres du Conseil de sécurité. Et depuis lundi, Bab Al-Hawa était fermé car la Russie avait mis un veto à son prolongement de neuf mois et s’était montrée intraitable dans sa proposition de six mois supplémentaires, tout en mettant en cause les sanctions occidentales imposées à la Syrie. 

Certains analystes estiment que le veto russe était calculé, pour offrir cette occasion à Damas de récupérer la main sur ce point de passage, et par là même, en finir avec toute supervision du Conseil de sécurité.