Les raisons derrières les récentes manifestations des Syriens contre le pouvoir de Bachar Al-Assad

Les Syriens des régions de Soueïda et Deraa, dans le sud du pays, sont de nouveau dans les rues depuis une dizaine de jours pour protester contre le régime du président Bachar al-Assad et ce à la suite de la décision du gouvernement syrien de mettre fin à la subvention des prix du carburant. 

Jusqu’ici, les manifestations n’ont pas été réprimées et les protestataires se sont attaqués à des symboles du pouvoir, fermant les permanences du parti Baas et déchirant des portraits du dirigeant syrien. 

Selon les experts, Damas a annoncé la fin des subventions sur le carburant parce que les finances publiques sont exsangues et que l’Etat syrien n’a plus les moyens de subventionner les produits pétroliers ou les céréales. 

Les raisons avancées pour expliquer la situation économique du pays vont de la crise dans laquelle s’enfonce le Liban voisin, et qui a privé la Syrie de son seul poumon pour pouvoir importer et exporter, à la hausse mondiale des cours du pétrole et des céréales, en passant par la politique fiscale de Damas qui a étouffé l’activité économique, le séisme de février qui a ravagé les régions du nord du pays, ou encore les sanctions internationales qui touchent la population plus que les tenants du pouvoir. 

En juillet, la livre syrienne a plongé sur le marché noir, atteignant son plus bas historique avec près de 10 000 livres pour un dollar. Les salaires n’ont pas suivi la hausse vertigineuse des prix. D’après l’ONU, 90% de la population syrienne vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté. 

Après douze ans de conflit, la Syrie est dans une économie de seigneurs de guerre, que ce soit dans l’armée régulière ou dans les milices pro-gouvernementales, qui, n’étant plus financés par l’Etat, se financent en installant des barrages et en ponctionnant les produits transportés », mais également en organisant les trafics en tout genre, y compris en détournant vers le Liban ou l’Irak les produits subventionnés par l’Etat syrien. 

Perçus comme des profiteurs, les alliés du régime sont aussi visés par les manifestations de ces derniers jours. La population considère la Russie et l’Iran comme des trafiquants de captagon, une drogue à base d’amphétamine très consommée au Moyen-Orient et dont la Syrie est devenue le principal centre de production, et dont le trafic rapporterait plusieurs milliards de dollars par an au régime syrien.