Berlin accuse le président russe Poutine de déstabilisation après la diffusion d’échanges confidentiels d’officiers de la Bundeswehr

Berlin a accusé dimanche le chef d’Etat russe, Vladimir Poutine de chercher à «déstabiliser» l’Allemagne avec l’espionnage de conversations confidentielles d’officiers de la Bundeswehr (la Défense fédérale) relatives à l’Ukraine alors que le chancelier allemand, Olaf Scholz, est sous pression pour fournir des missiles à Kiev.

La publication sur les réseaux sociaux à partir du territoire russe de l’enregistrement audio d’une téléconférence récente entre des autorités de la Bundeswehr à propos de livraisons d’armes à l’Ukraine a donné lieu à une crise entre les deux Etats et un choc outre-Rhin.

Le président russe, Vladimir Poutine « cherche à nous déstabiliser, à nous insécuriser », a soutenu le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, lors d’un point de presse à Berlin, ajoutant que « cela nous entrerait dans le cadre d’une guerre de l’information à laquelle se livre le maître du Kremlin ».

Dans ces discussions rendues publiques, les officiers allemands évoquent entre autres l’hypothèse de la livraison à l’Ukraine de missiles à longue portée Taurus, de fabrication allemande, ce qui serait nécessaire pour permettre à l’armée ukrainienne de s’en servir et de profiter de leur impact sur le front de bataille.

Le gouvernement allemand s’est empressé samedi de confirmer l’authenticité de l’enregistrement, précisant que celui-ci avait été intercepté.

Le contenu de ces échanges est gênant pour Berlin à divers titres. En premier lieu, les autorités allemandes refusent officiellement jusqu’à présent, de fournir des missiles Taurus à l’Ukraine, mettant en avant un risque d’escalade de la guerre, car cela provoquerait, de l’avis d’Olaf Scholz, l’implication de militaires allemands pour aider les militaires ukrainiens dans le maniement de ces armes.

Or, dans l’audio, les hauts-gradés allemands espionnés disent de manière détaillée comment ces missiles pourraient être employés par les troupes ukrainiennes. En outre, ils jugent également que cela ne demande pas forcément la participation d’éléments des forces armées allemandes.

Par ailleurs, les mêmes officiers ont détaillé, lors de ces échanges, la manière dont les gouvernements britannique et français aident les forces armées ukrainiennes à se servir des missiles de longue portée Scalp, que ces deux Etats fournissent à Kiev.