Algérie : Des experts de l’ONU exigent l’annulation immédiate de la condamnation scandaleuse d’une poétesse franco-algérienne

La condamnation « abusive » par le gouvernement algérien d’une poétesse franco-algérienne pour « appartenance à une organisation terroriste », en raison de son implication dans le mouvement de contestation du Hirak, doit être annulée, ont jugé lundi quatre rapporteurs des Nations Unies.

« Nous sommes profondément préoccupés par le maintien en détention de Mme Djamila Bentouis, la condamnation en juillet dernier à deux ans de prison et à 100 000 dinars algériens d’amende (754 dollars) pour sa participation au mouvement de protestation sociale Hirak », ont affirmé ces spécialistes indépendants à travers un communiqué. Dans la foulée, ils ont appelé la cour d’appel algérienne à annuler « la sentence abusive prononcée » et à « l’innocenter de toutes les charges qui pèsent sur elle, qui sont contraires au droit international ».

Ces quatre experts, mandatés par le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies, mais qui ne font pas de déclarations au nom de cette organisation, se sont dits « outrés par la pratique du gouvernement, consistant à museler un mouvement de contestation politique en arrêtant et détenant arbitrairement des personnes qui osent s’élever et s’exprimer ».

Djamila Bentouis, 60 ans, était venue de France visiter sa mère en fin de vie en Algérie et avait été questionnée à l’aéroport d’Alger le 25 février dernier, puis encore quelques jours après, avait rapporté en avril la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme. Par la suite, elle a été placée en détention le 3 mars, selon la même source. Sa détention est due à une chanson qu’elle avait composée pendant le Hirak. 

Les poèmes et les chants patriotiques de cette artiste ont été repris par les contestataires algériens et Djamila Bentouis a enregistré certaines chansons sur ce mouvement, ont indiqué les experts onusiens. « La poursuite de Mme Bentouis pour terrorisme en vertu de l’article 87 bis et d’autres infractions liées à la sécurité nationale dans le code pénal peut porter atteinte à la liberté d’expression et d’association en Algérie de manière plus générale », ont-ils estimé.