La Russie met fin aux livraisons de gaz à l’Europe via l’Ukraine

À l’approche du 1ᵉʳ janvier 2025, la compagnie pétrolière russe Gazprom réduit progressivement les volumes de gaz acheminés vers l’Europe via l’Ukraine, et les livraisons cesseront totalement dès le début de 2025. 

Cette interruption fait suite à l’expiration d’un accord de transit de cinq ans qui avait permis de maintenir les flux du gaz naturel russe malgré la guerre. Cependant, en raison du conflit toujours en cours, Kiev a refusé de négocier un nouvel arrangement.

Pendant près de 50 ans, l’Union soviétique, puis la Russie, ont dominé le marché européen du gaz, atteignant une part de 35 % à leur apogée. Mais la guerre en Ukraine a profondément changé la donne. En 2023, Gazprom a enregistré sa première perte annuelle depuis 1999, avec un déficit avoisinant les 7 milliards de dollars. Aujourd’hui, le gaz russe ne représente plus que 8 % des importations européennes, contre 35 % avant 2022.

L’Union européenne a intensifié ses efforts pour diversifier ses approvisionnements en gaz, se tournant vers des pays comme la Norvège, les États-Unis et le Qatar. Toutefois, la Russie continue d’exporter du gaz vers l’Europe, principalement via des méthaniers, tandis que la route ukrainienne ne représente plus que 5 % des importations de gaz de l’UE.

La fin de l’accord de transit à travers le territoire ukrainien, entraînera des pertes financières importantes estimées à près de 800 millions de dollars pour l’Ukraine et à plusieurs milliards pour Moscou. Elle risque également d’affecter gravement des pays de l’Europe de l’Est, notamment la Slovaquie, la Hongrie et dans une moindre mesure, l’Autriche.

Cette rupture marque une étape décisive dans la redéfinition des équilibres énergétiques en Europe. Pour Kiev, elle représente un défi économique majeur, tandis que pour Moscou, elle illustre la perte de son influence sur le marché européen du gaz. En réponse, la Russie se concentre de plus en plus sur des exportations vers l’Asie, notamment vers la Chine, pour compenser la diminution de ses parts de marché en Europe.

L’Union européenne, pour sa part, poursuit sa transition énergétique et sa quête d’autonomie face aux approvisionnements russes, une stratégie qui, malgré des coûts élevés à court terme, pourrait renforcer sa résilience énergétique à long terme.