En Turquie, une page majeure de l’histoire contemporaine pourrait être en train de se tourner. Abdullah Öcalan, 75 ans, fondateur et chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a adressé un message inédit à ses partisans.
Dans une lettre rendue publique le jeudi 27 février, il a appelé l’ensemble des unités armées de son mouvement à déposer les armes. Si cette annonce est suivie d’effets, elle marquerait la fin de quatre décennies de conflit entre le PKK et l’État turc, un affrontement marqué par des milliers de victimes et des tensions politiques constantes.
Cet appel va bien au-delà d’un simple cessez-le-feu , Abdullah Öcalan prône la dissolution pure et simple du PKK, une organisation considérée comme terroriste par Ankara, mais aussi par l’Union européenne et les États-Unis.
La mise en application de cette déclaration pourrait ouvrir la voie à une ère nouvelle dans les relations entre la Turquie et sa minorité kurde, tout en ayant des répercussions majeures sur la stabilité politique et sécuritaire de la région, notamment en Irak et en Syrie, où de nombreux combattants kurdes sont actifs.
Malgré son incarcération depuis 1999 sur l’île-prison d’Imrali, en mer de Marmara, Öcalan demeure une figure centrale de la question kurde en Turquie.
Son message, attendu depuis plusieurs jours, devait initialement être diffusé le 15 février, date symbolique marquant son arrestation au Kenya par les services secrets turcs. Cependant, Ankara a refusé toute communication à cette date, ainsi que la diffusion d’un message vidéo.
C’est finalement lors d’une conférence de presse organisée à l’hôtel Elite World Taksim, au cœur d’Istanbul, qu’une délégation du Parti de l’égalité et de la démocratie des peuples (DEM), formation politique pro-kurde, a lu l’appel d’Öcalan, d’abord en kurde, puis en turc.
Si cet appel est suivi d’actions concrètes, il pourrait redessiner les dynamiques politiques en Turquie et au Moyen-Orient, tout en posant la question de l’avenir du mouvement kurde et de ses revendications face à l’État turc.