La manipulation et l’ingérence informationnelle représentent une menace majeure pour la sécurité de l’Union européenne (UE), a déclaré la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, dans un rapport publié le 18 mars 2025, prévenant que «nous ne devons pas sous-estimer l’influence de ces campagnes, ni les intentions de leurs auteurs».
Dans son dernier rapport annuel sur la désinformation, la Commission européenne souligne qu’en 2024, l’Union européenne a identifié des attaques informationnelles visant plus de quatre-vingts pays et plus de deux cents organisations.
Si la guerre en Ukraine demeure une cible prioritaire pour la Russie, d’autres événements, tels que les Jeux olympiques de Paris, les élections en Moldavie et les manifestations agricoles en Allemagne, ont également été exploités à des fins de manipulation.
« L’objectif est de déstabiliser nos sociétés, de saper nos démocraties, d’attiser les divisions entre nous et nos partenaires, et d’affaiblir la position de l’UE sur la scène internationale », a affirmé Kaja Kallas.
Le rapport met en avant la capacité croissante de l’UE à identifier les campagnes d’influence orchestrées par Moscou et Pékin. Il décrit un vaste réseau d’acteurs étatiques et non étatiques mobilisés par la Russie – incluant des influenceurs sur les réseaux sociaux, des médias d’État et des porte-paroles officiels – pour diffuser et amplifier des récits stratégiques.
De son côté, la Chine semble renforcer son recours à des agences de relations publiques privées et à des influenceurs afin de promouvoir et légitimer des contenus alignés sur ses intérêts politiques à l’échelle mondiale.
Bien que le rapport ne conclue pas à une coordination explicite entre la Russie et la Chine en matière de désinformation, il relève une convergence croissante de leurs narratifs. Il note notamment qu’à l’occasion des 1 000 jours de l’invasion russe de l’Ukraine, un alignement marqué des discours sino-russes a émergé, accusant l’OTAN d’être responsable de l’escalade du conflit.
L’UE exprime également une inquiétude grandissante face aux ingérences russes, qui s’inscrivent dans le cadre d’une campagne hybride plus large, incluant des actes de sabotage visant à fragiliser les démocraties occidentales.