Royaume-Uni : Six milliards d’euros de coupes dans les aides sociales annoncés

Élu l’an dernier, le gouvernement travailliste britannique a lancé un vaste programme de réformes visant à stimuler la croissance et à reconstruire les services publics. 

Le mardi 18 mars, la ministre des Retraites et du Travail, Liz Kendall, a présenté une réforme des allocations destinées aux personnes en incapacité de travailler, qu’elles soient en situation de handicap ou atteintes de maladies chroniques, une mesure qui suscite des tensions au sein même de la majorité.

La ministre a dressé un état des lieux préoccupant précisant que près de trois millions de Britanniques sont actuellement déclarés inaptes au travail, un coût annuel de 80 milliards d’euros pour le pays, avec une tendance à la hausse depuis la pandémie de Covid-19. 

« Les demandes d’allocations chez les jeunes ont augmenté de 150 %, et celles liées à la santé mentale de 190 %. Cette situation n’est pas soutenable à long terme », a-t-elle souligné.

La réforme prévoit à la fois des ajustements et des restrictions. Parmi les assouplissements figurent la réduction des contrôles pour les affections de longue durée et le maintien de la pension d’invalidité. 

Cependant, des mesures plus restrictives sont également envisagées, notamment un durcissement des critères d’éligibilité pour l’allocation destinée aux adultes handicapés, une diminution de certaines aides pour les nouveaux bénéficiaires et une hausse de l’âge minimum d’accès à certaines prestations, afin d’inciter davantage de jeunes à entrer sur le marché du travail.

Ces propositions sont vivement contestées par les associations, qui redoutent une augmentation de la précarité parmi les personnes malades et en situation de handicap. Au sein même du Labour, certaines voix s’élèvent contre cette orientation, jugée peu conforme aux valeurs du parti. 

La députée travailliste Debbie Abrahams a critiqué une telle réforme qui, selon elle, constitue « la plus importante réduction des aides sociales depuis 2015 », estimant qu’« il existe d’autres moyens, plus humains, d’équilibrer les comptes, sans faire peser le fardeau sur les personnes vulnérables».

Le gouvernement espère toutefois réaliser une économie de sept milliards d’euros par an, grâce à ces mesures. En 2023-2024, les dépenses sociales du Royaume-Uni se sont élevées à 352 milliards d’euros, soit 11 % de son PIB, selon l’Office for Budget Responsibility.